1.
LA ROUTE ME MANQUE
Dans un premier temps, je n'ai
donc pas souhaité acquérir un nouveau
cyclomoteur, considérant que Ginette était
irremplaçable. Mais cette conduite enivrante,
ce petit rythme, cette liberté absolue, ces excursions
magiques, ces chaleureuses vibrations, et prendre autant
l'air - qu'il soit chaud ou froid, sec ou humide - m'ont
bien vite beaucoup manqué ! De plus, littéralement
sidéré par l'incroyable hommage médiatique
rendu à Ginette et profondément touché
et encouragé par tous les adorables messages
des internautes, j'ai fini par être convaincu
dès la mi-janvier 2007 que l'aventure à
45 km/h ne ferait pas uniquement partie du passé. Fidèle
à la marque Peugeot depuis que Ginette m'avait
prouvé la résistance de leurs machines,
je me suis penché sur leur catalogue pour constater
qu'ils ne fabriquaient plus qu'un seul modèle
de cyclomoteur, le Peugeot Vogue. Alors, fidèle
également à l'esprit « mob », c'est ce modèle-là
qui m'attirait, même s'il faisait un peu frêle
à côté des beaux scooters de la
marque, même si sa ligne n'était pas aussi
aérodynamique que celle de la grande Ginette,
même si son confort promettait d'être rudimentaire
et même si sa mécanique pouvait être
plus fragile sur de longues distances. Les voyages en
seraient d'autant plus passionnants, et comme me l'avait
d'ailleurs rappelé un internaute, « peu importe
le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse ! ».
2.
L'ANNONCE DU CADEAU
Il ne m'a pas semblé illégitime de m'adresser à
Peugeot-Motocycles pour leur faire part de cette envie.
Pour cela, j'ai envoyé un e-mail à l'entreprise
le 26 janvier. Et quelle fut ma joie de recevoir,
le 20 février, cette très gentille réponse
: « l'ensemble du personnel considère comme
naturel de faire un geste et nous avons le plaisir de
t'annoncer que Peugeot t'offrira prochainement une «
baby
Ginette » d'après le modèle que tu
as choisi ». Extrêmement
ravi, je n'étais pas au bout de mes surprises
puisque, en leur téléphonant le lendemain,
j'appris qu'ils souhaitaient m'inviter à leur
usine de fabrication (à Mandeure, près
de Montbéliard ; voir le voyage dans les Vosges
en 2004) pour une remise symbolique des
clés du cyclo, avant de le faire livrer chez
le concessionnaire le plus proche de chez moi ! «
Pourquoi
ne pas rentrer directement de Mandeure à Brest
avec le Vogue ? » me suis-je bien sûr demandé.
L'idée était plaisante, mais après
quelques discussions les salariés de Peugeot m'ont bien recommandé
de ne pas lui faire subir un rodage aussi sauvage !
J'allais donc finalement effectuer l'aller-retour dans
la journée, en avion depuis Brest (voyage pris en charge
par Peugeot). Nous
nous sommes mis d'accord sur la date du jeudi 15 mars
2007 pour cette remise des clés, choix idéal
puisqu'il s'agissait du jour de mon anniversaire (22
ans) ! On
m'informa également qu'une visite du Musée
Peugeot était prévue,
et que quelques médias avaient été
contactés à l'occasion ! Vraiment, quel
traitement de faveur !
3.
LA REMISE SYMBOLIQUE DES CLÉS (15
mars 2007) 17
PHOTOS
Je me lève tôt car je ne voudrais pas manquer l'avion
qui part de Brest à 6h25 ! Il décollera
d'ailleurs avec un peu de retard car il a fait froid
pendant la nuit et les employés de l'aéroport
doivent asperger le fuselage avec un produit spécial
contre le gel. L'appareil prend finalement le chemin
des airs et le jour se lève. J'atterris à
Lyon vers 8h pour m'envoler à nouveau à
8h35 et atteindre enfin l'aéroport de Bâle-Mulhouse
à 9h50. Au cours de ce second vol, je profite
d'ailleurs d'une magnifique vue sur les Alpes et le
Mont-Blanc depuis le hublot. Dans
l'aérogare, une dame munie d'un panneau «
Peugeot
Motocycles » m'attendait. C'est la conductrice du
taxi qui m'emmène donc à Mandeure (100
km d'autoroutes). Lorsque nous arrivons devant le siège
social de Peugeot-Motocycles, je m'aperçois avec
surprise qu'un petit « comité de réception
»
scrute mon arrivée ! Il y a la mobylette bien
sûr, noire, très belle, et puis une quinzaine
de personnes, certaines avec des caméras et des
micros... Mais que vois-je ? Il y a une plaque à
l'arrière de la machine sur laquelle on peut
lire « Ginette 2 » ! Clin d'oeil des salariés
de Peugeot... Je descends
donc du taxi et déjà les journalistes
s'approchent de moi ! Avant même que je puisse
regarder autour de moi et aller dire bonjour à
mes amis de Peugeot, on me met déjà sous
les feux des projecteurs en quelque sorte. Je m'approche
donc de mon merveilleux cadeau d'anniversaire, le contemple
sous tous les angles. Je sens que les journalistes sont
à l'affût de la moindre réaction
de ma part et je suis timide, car au fond de moi j'aimerais
que ce premier contact avec mon nouveau bolide soit
plus personnel. Mais c'est ainsi, à peine sortie
des usines et du haut de ses 2 kilomètres au
compteur, « Ginette 2 » a déjà
une réputation ! À
propos de nom de baptême, je ne pense pas conserver
celui-ci, le chiffre « 2 » retirant une part
d'humanité. Quitte à préserver
la référence à Ginette, je préférerais
quelque chose de plus affectif comme par exemple «
Petite
Ginette », « Mini- Ginette » ou encore «
Bébé
Ginette ». Je pourrai aussi bien tout changer en
trouvant un autre surnom original. Mais je ne suis pas
pressé pour cela. Ginette avait mis du temps
avant de se laisser baptiser. Et puis, n'oublions pas
que c'est l'ambiance de nos voyages, le plaisir et le
parfum qu'ils m'ont procuré, qui m'avaient inspiré
le prénom « Ginette ». Alors cette fois
encore, j'attendrai qu'une complicité prenne
vie, de kilomètre en kilomètre, entre
cette nouvelle compagne de route et moi, avant de décider
du titre qu'elle m'évoquera.
Plusieurs
journalistes, de presse ou de télévision,
m'invitent à répondre à leurs questions.
On me demande de poser devant le cyclo pour de nombreuses
photos. On me prie même d'effectuer mes
premiers tours de roue ! Les employés de Peugeot
me prêtent un casque, je peine pour mettre le
moteur en marche car le démarrage aux pédales
est nouveau pour moi (et le moteur est tout neuf) !
Et puis c'est parti ! Je m'élance sur l'esplanade
pour la parcourir de long en large une bonne dizaine
de fois ! Évidemment,
c'est un immense plaisir pour moi de retrouver ces sensations,
celle du véhicule qui veut se faire léger
et discret, et honorer à la fois la mission qui
lui a été confiée : rouler. Longtemps
et très loin, j'espère. Mais une fois
de plus, tout ce monde autour de moi me déstabilise
un peu... Le moteur
hoquette encore, il n'attend qu'un bon rodage.
Quant aux pédales, je devrai donc m'y faire mais,
avec d'autres détails, elles ravivent le souvenir
de la grande époque des mobylettes et cela me
plaît beaucoup ! Plus la monture est spartiate,
plus il m'intéresse de voyager avec elle !
Une
fois ces tours de manège terminés, les
journalistes s'en vont. Les salariés de Peugeot
me convient à un rapide apéritif dans
une petite salle de réunion, où nous pouvons
discuter plus tranquillement. Ils m'offrent d'ailleurs
le livre très sympathique d'Emmanuelle et François
Skyvington, « My beautiful mobylette », que j'avais déjà lu lorsqu'une amie me
l'avait prêté et dont je recommande vivement
la lecture ! Ensuite, nous partons
à six au Musée de l'Aventure Peugeot de
Sochaux : Claude Alombert (directeur commercial de Peugeot-Motocycles),
Noëlle Vannelli (responsable de la communication
interne, déjà rencontrée en 2004),
Frédéric Bart (responsable presse et relations
publiques, déjà rencontré en 2004),
Jacques Euvrard (travaillant à la recherche et
développement, déjà rencontré
en 2004 et mon principal correspondant par Internet
depuis 2002), Aurélie Bernard (qui s'occupera
des formalités administratives pour l'immatriculation
de la mobylette) et moi-même. Le musée
dispose d'une brasserie où nous déjeunons
tous ensemble. J'en profite bien sûr pour goûter
à
la cuisine locale : des saucisses de Montbéliard
et de Morteau ! Nous discutons de tout plein de choses.
Au moment du dessert, ô surprise, on m'a réservé
un magnifique gâteau planté d'une «
bougie
feu d'artifice ». Sur deux morceaux de pâtes
d'amande, on peut lire « Heureux anniversaire Julien,
22 ans » et « Ginette 2 » ! C'est vraiment
adorable, et le gâteau sera délicieux avec
un coulis de fruits rouges ! Après
le repas, nous déambulons dans le musée
qui m'impressionne par la richesse de ses collections
! Malheureusement, je ne peux guère l'admirer
plus d'une petite heure car le taxi arrive bientôt
pour me ramener à l'aéroport ; c'est une
demi-journée qu'il faudrait au moins consacrer
à cette visite tant il y a de belles pièces
à y voir, que ce soient des vélos, des
motos ou des voitures. C'est bien là que Ginette
aurait trouvé sa place, mais qui sait, peut-être
que sa petite soeur parviendra à décrocher
cette place à son tour, rendant ainsi indirectement
à Ginette la reconnaissance qu'elle méritait.
Bien
vite, trop vite, l'heure du retour arrive donc. Le taxi
vient (son conducteur est le mari de la conductrice
du taxi de ce matin), je dis au revoir à mes
hôtes en les remerciant encore chaleureusement,
et m'en retourne donc à l'aéroport de
Bâle-Mulhouse d'où mon avion pour Lyon
décolle à 17h35. J'atterris à 18h40
et repars à 20h05 pour être de retour à
Brest à 21h40. Sacrée journée ! Attendons
à présent que la Belle soit livrée
près de chez moi et les aventures pourront reprendre
comme au bon vieux temps !
4.
LA LIVRAISON (22
mai 2007) 12
PHOTOS
On aura laissé mon impatience grandir. Alors que je pensais
que quelques jours suffiraient à ce que ma nouvelle
mobylette rejoigne le concessionnaire proche de mon
domicile, en Essonne, ce n'est qu'à la
fin du mois d'avril qu'elle y est parvenue ! Et après
cela, il me fallut encore attendre de recevoir sa carte
grise par la Poste pour pouvoir la récupérer
pour de bon. Le grand
jour tombe finalement le 22 mai. Tout est fin prêt,
ma mère m'emmène chez ledit concessionnaire,
à Villemoisson-sur-Orge, je montre la carte grise
et la plaque d'immatriculation est immédiatement
fabriquée
et installée. Son numéro ? Z 643 K. Elle
remplace ainsi la plaque « Ginette 2 » créée
par le personnel de Peugeot, que je conserve tout de
même en souvenir (désir
qui a visiblement interrogé le jeune employé
qui a sorti la « bête » devant le magasin). Je
la revois donc enfin ! Et je ne me prive pas de l'observer
sous toutes les coutures, sans caméras ni micros
cette fois, mais avec juste mon appareil photo pour
immortaliser l'instant. Comme elle fait minuscule et
fragile à côté de tous les deux-roues
exposés dans la vitrine de ce magasin !
Si minuscule que personne ne prête attention à
elle, et c'est très bien comme ça. Car
malgré toute la couverture médiatique
dont elle a pu faire l'objet, c'est en toute discrétion
que je compte poursuivre mes voyages, autrement dit
exactement comme au temps de Ginette. Cela ne doit surtout
pas changer.
Allez,
des milliers de kilomètres nous attendent
! Le compteur indique 0004,8. On recommence tout
depuis le début !
Je prends
donc la route avec elle, pour de vrai cette fois, parcourant
les 10 kilomètres me séparant de ma maison.
Au début, bien sûr, je suis un peu tendu,
je fais attention à chaque détail, à
chaque bruit, à l'accélération,
au freinage, au ralenti... jusqu'à ce que peu
à peu je me détende et me mette à
savourer pleinement ces premiers tours de roue ! Je
ne dépasse pas les 40-45 km/h pour ne pas brusquer
le moteur et ainsi entreprendre au mieux le rodage. Lorsque
j'arrive chez moi, le moteur sent un peu le chaud, ce
qui est normal en ce tout début de vie ! Je crois
que c'était effectivement une bonne chose de
ne pas me laisser rentrer directement de Mandeure à
Brest avec la mobylette neuve ! Ma
mère découvre à son tour la nouvelle
recrue de la famille. Elle la trouve très bien,
et plus grande qu'elle l'imaginait. Nous prenons de
nouvelles photos.
Un
peu plus tard dans l'après-midi, je ressors la
mob et ma première véritable sortie consistera... à
aller
dire bonjour à Patrick, mon ami mécanicien
qui s'est toujours occupé de Ginette avec attention
et professionnalisme. Je ne l'ai pas vu depuis huit
mois, c'est-à-dire depuis la révision
de Ginette que nous avions faite la veille de mon départ
avec elle pour Brest ! On est heureux de se retrouver,
il savait déjà que Ginette avait été
volée et qu'on en avait parlé à
la télévision, et il est content du
geste de Peugeot. On contemple la petite Vogue et on
bavarde à son sujet. Ensuite,
je vais dîner chez d'autres amis du lycée,
et finalement j'aurai parcouru 22 kilomètres
en ce Jour J.
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