Petite
information préalable, d'ordre technique : peu avant de partir,
j'ai changé le pot d'échappement de Ginette. Lorsque
la « mob » était encore à mon
frère, il l'avait dotée d'un pot long,
pour aller plus vite. J'ai pu constater par la suite
qu'un tel pot avait une durée de vie d'environ
15000 km. Après donc que Ginette en eut
« consommé » trois, je décidai
de réinstaller un petit pot d'origine, qui selon
moi serait mieux adapté aux capacités
du moteur (et qui par conséquent lui permettrait
de durer plus longtemps), qui ferait moins de bruit
(le bruit du moteur, mais aussi et surtout les bruits pénibles
de vibrations) - et qui serait moins près du
sol (donc moins contraignant lorsqu'il faut passer des
trottoirs ou s'aventurer hors des sentiers battus).
LONGPONT-SUR-ORGE
- LA ROCHELLE (30 mai,
455 km) 3
PHOTOS
Nous
prenons notre envol à 6h31, et arrivons à
Aytré, au sud de La Rochelle, à 17h31,
après donc 11h de route exactement. Nous passons
par la Beauce, la Nationale 10 entre Bonneval et Tours, puis
empruntons de bien agréables départementales
qui nous étaient jusqu'ici inconnues : Chinon, Thouars, Bressuire et Fontenay-le-Comte...
de paisibles campagnes françaises défilent
de part et d'autre de notre embarcation. Le
temps est couvert ce matin et se dégage cet après-midi,
jusqu'à même devenir extrêmement
ensoleillé, mais le vent frais trompe mon attention
: je ne sens pas les forts coups de soleil qui saisissent
mes mains et me brûleront pendant quelques jours
! Ginette roule sans soucis, je dois bien sûr
faire preuve de beaucoup de patience, mais la joie de
trouver l'Atlantique est à la hauteur ! Après
la Manche en Normandie et la Méditerranée
à Toulon, c'est une nouvelle façade maritime
qui s'offre à nous et nous présente ses
jolies couleurs en ce crépuscule estival. À
Aytré,
je retrouve une ancienne copine de classe qui a déménagé
ici. Puis je vais déposer mes affaires à
l'Auberge de Jeunesse de La Rochelle où j'ai
réservé une nuitée : je suis gentiment
accueilli et découvre avec plaisir que je dispose
d'une chambre de plusieurs lits pour moi tout seul !
Je reviens ensuite dîner avec mon amie et ses
parents, avant qu'elle et moi allions nous promener au bord de l'océan.
Le soleil se couche, je profite pleinement de ces moments ! Un
peu plus tard, je rejoindrai l'auberge de jeunesse.
JOURNÉE
DANS LES ENVIRONS DE LA ROCHELLE (31 mai, 117 km) 23
PHOTOS
Au
programme d'aujourd'hui, deux îles. Ce matin,
Ginette et moi
rejoignons Fouras et en particulier la Pointe de la
Fumée où je laisse ma monture
: j'embarque sur le bateau de 11h pour l'île d'Aix,
sur laquelle je n'avais pas posé le pied depuis
plusieurs années, et c'est avec un immense plaisir
que j'effectuerai à pied le tour de ce petit croissant de
terre, tantôt le long des plages ou des petites
falaises, tantôt par des chemins plus dissimulés,
souvent à travers les bois. Trois heures environ
suffisent à parcourir cette boucle. Ici les marcheurs
et les cyclistes sont rois, ce qui confère à
l'île une quiétude exceptionnelle. L'expression
« savourer les vacances » prend tout son sens !
La fraîcheur de l'église et de sa crypte
contraste avec la chaleur extérieure. Après
être passé devant la maison de Napoléon
Ier, je reviens au bourg, près de l'embarcadère,
pour me poser tranquillement sur la terrasse d'un snack
où j'avale un sandwich et
une crêpe. Je rentre par le bateau de 15h, retrouve
Ginette et repars avec elle en direction de l'île de
Ré cette fois, dont nous franchirons le fameux pont
qui est gratuit pour nous ! Je
me promène à Saint-Martin-de-Ré et dans les
environs et je retends aussi la chaîne de Ginette
qui en avait bien besoin. Il fait chaud, je me rassasie
à nouveau avec une bonne boisson fraîche, avant de
rentrer sur le continent ! La traversée de La
Rochelle n'est pas évidente, mais nous atteignons
Aytré malgré tout, pour le dîner,
puis rentrerons à l'auberge de jeunesse pour
la nuit.
LA
ROCHELLE - ROCHEFORT (1er juin, 40 km) 18
PHOTOS
Ce
matin, je laisse Ginette à l'auberge de
jeunesse et rejoins à pied le coeur historique
de La Rochelle, en longeant le très vaste et
très impressionnant port de plaisance des Minimes. En ville, je retrouve mon amie et nous
nous baladons dans les rues du centre ancien. Puis nous
nous disons au revoir et je rentre déjeuner dans une sympathique
sandwicherie. Ensuite, je m'en vais visiter avec beaucoup de plaisir la Tour
Saint-Nicolas, sur le Vieux Port. Ses vieilles pierres
très bien conservées vous plongent dans
une toute autre époque, et ses escaliers en colimaçon
vous mènent jusqu'à son sommet pour vous
offrir une très belle vue sur le vieux port,
la ville et ses alentours ! Je reviens à
l'Auberge pour récupérer la mob, et nous
voilà partis pour Rochefort, à 30 km plus
au sud. Nous faisons un
détour par l'ancien pont transbordeur de Martrou,
majestueux monstre d'acier de 66 mètres de haut,
construit en 1900 pour traverser la Charente, large
de 140 mètres environ. Sa nacelle fonctionne
encore aujourd'hui ; j'en profite donc pour effectuer
- sans Ginette - la double traversée du fleuve. Puis nous
gagnons le centre de Rochefort et notre auberge de jeunesse,
où je rentrerai Ginette
dans une toute petite cour via le hall d'entrée
! Je terminerai cette belle journée par une promenade
à pied en ville, passant devant la maison de
Pierre Loti, longeant les bords de la Charente, admirant
la Corderie
Royale évidemment, rêvassant dans quelques
jardins. Je dîne dans un petit restaurant où
le couscous merguez, qui n'est pas servi en portion
individuelle, me remplira généreusement
la panse
!
ROCHEFORT
- SAINT-MICHEL-D'ENTRAYGUES (près d'Angoulême) (2 juin, 110 km) 2
PHOTOS
Ginette
et moi partons tôt pour atteindre Angoulême
au plus vite, c'est-à-dire en 2h30, par Saint-Jean-d'Angély,
Matha et Rouillac. La Charente nous présente
ses délicates collines et ses vignobles qui s'étirent.
C'est le pays du Pineau et du Cognac ! À Saint-Michel, juste
au sud d'Angoulême, j'arrive chez ma petite amie
Lucie que je retrouve avec
joie ! Après un
déjeuner très sympathique avec sa mère,
nous partons marcher tous les deux dans la vallée des Eaux
Claires, sous une grosse chaleur, parcourant une bonne quinzaine
de kilomètres. En effet, Lucie est une
grande amatrice de randonnée, et moi je m'y convertis
peu à peu depuis quelques temps, car j'apprécie
de plus en plus de pouvoir évoluer ainsi, à
notre rythme originel, sans aucune machine pour nous
aider à avancer, sans faire de bruit ni polluer.
Et oui, les voyages en mobylette sont extras, mais il
importe aussi de toucher à d'autres choses. Cette promenade-là nous fait beaucoup de bien.
Nous
croisons notamment le GR36 (un sentier de Grande Randonnée
allant de la Normandie aux Pyrénées), et apercevons
même une petite pancarte en bois indiquant aux
randonneurs
: « Pic du Canigou, 900 km » ! Puis nous allons
nous promener dans le centre d'Angoulême, près
de la cathédrale et des remparts. La soirée
sera très chaleureuse chez Lucie, avec ses
parents.
PREMIÈRE
JOURNÉE DANS LES ENVIRONS D'ANGOULÊME (3 juin, 0 km) 34
PHOTOS
Je
vais laisser Ginette au garage aujourd'hui et
demain, et à la place Lucie et moi explorerons
les Charentes en voiture. Aujourd'hui, nous allons
visiter le zoo de la Palmyre, près de Royan,
et nous ne le regretterons pas ! C'est l'un des plus
grands zoos d'Europe, et il est impressionnant tant
par la quantité que par la diversité des
animaux présentés. Nous nous amusons beaucoup
en contemplant certains d'entre eux ! Ensuite,
nous nous rendons sur une très belle plage de la Côte Sauvage
aux alentours du Phare de la Coubre,
entre majestueuses vagues et forêt dense, où
nous nous reposerons quelques instants, avant de revenir sur Royan
pour nous promener le long du littoral. Nous apercevons
notamment plusieurs vestiges du célèbre
mur de l'Atlantique érigé par les Allemands
pendant la Seconde Guerre mondiale. Nous rentrons
à Angoulême, et après dîner
nous allons jeter un coup d'oeil au Festival des Musiques
Métisses où l'on écoute une chanteuse
du Cap-Vert. Nous terminons cette journée par
un peu de repos sur les bords du plan d'eau de Saint-Yrieix.
SECONDE
JOURNÉE DANS LES ENVIRONS D'ANGOULÊME (4 juin, 0 km) 12
PHOTOS
On
peut dire qu'on aura su occuper notre journée, Lucie
et moi ! Ce matin, nous commençons par aller
- en voiture donc - visiter le château
de La Rochefoucauld, à une vingtaine de kilomètres
d'Angoulême. Il est très beau avec ses bibliothèques,
ses salons, sa salle de jeu, ses sous-sols. Puis, après
être revenu déjeuner chez Lucie,
nous repartons, à Cognac cette fois, pour visiter les chais de
Hennessy où est concoctée la célèbre
eau-de-vie.
Nous traversons même la Charente en petit bateau pour
l'occasion. Une jeune guide nous explique toutes les
étapes de l'élaboration du cognac, et
nous avons droit à une petite dégustation
à la fin ! Sur le retour, nous nous arrêtons
à Jarnac pour apercevoir la
sépulture et la maison natale de François
Mitterrand,
et enfin nous faisons escale au théâtre
gallo-romain des Bouchauds, près de Rouillac,
un site magnifique assez bien conservé et dominant
un peu la campagne environnante. On s'y prend pour des acteurs de l'Antiquité
!
SAINT-MICHEL-D'ENTRAYGUES
- ASLONNES (près de Poitiers) (5 juin, 110 km) 2
PHOTOS
Pour
notre dernière journée ensemble, Lucie
et moi nous rendons à Confolens : nous y louons
un vélo-rail
et pédalons jusqu'au village de Manot, avant de revenir
au point de départ. Nous parcourons ainsi deux
fois neuf kilomètres sur une ancienne voie ferrée
réhabilitée, traversant des champs et
des forêts aux agréables senteurs. Nous grignotons
même notre pique-nique tout en pédalant ! Le
faux-plat montant,
à l'aller, nous pousse à ne pas relâcher
nos efforts, mais au retour nous pouvons nous laisser porter !
En milieu d'après-midi, nous revenons
à Angoulême, et il est déjà
temps pour moi de
quitter cette belle Charente... et sa jolie Charentaise
! Ginette et moi reprenons donc les petites routes
départementales - et non la quatre-voies de la Nationale
10 - pour remonter vers le nord jusqu'au village d'Aslonnes,
à 20 km au sud de Poitiers. Ici vit, dans une
grande propriété, une famille de très
bons amis à moi. Ce jour-ci, hélas, seul
Xavier, le père, est présent à
la maison. Le reste de la troupe est éparpillé
à gauche à droite ; Quentin notamment,
le fils aîné, est dans sa chambre universitaire,
sur le site du Futuroscope, et j'irai lui rendre visite
demain. Xavier est
président d'un club de passionnés et de
possesseurs de Harley-Davidson et il effectue régulièrement
avec ses copains des périples en France ou dans
les pays proches. On parle donc de motos autour d'un
bon dîner !
ASLONNES
- FUTUROSCOPE - ASLONNES (6 juin, 73 km) 4
PHOTOS
Depuis
le temps que j'entrenais des liens privilégiés
avec le Parc du Futuroscope, il fallait bien que j'y
emmène Ginette un jour ! Nous contournons
donc Poitiers pour nous rendre à Chasseneuil-du-Poitou
! Je laisse Ginette sur le parking du site, je n'entre
pas dans le Parc mais passe juste dire bonjour à
l'hôtesse de l'accueil. Je fais tout le tour du site à pied,
pour la forme, avant d'aller retrouver mon ami Quentin,
le fils de Xavier donc, dans sa chambre universitaire toute proche. Il se met
à pleuvoir sérieusement, j'attends que
ça se calme pour reprendre la route vers Aslonnes, mais l'orage
nous rattrapera sur le trajet lorsque nous passerons
devant la sublime abbaye de Nouaillé-Maupertuis. Nous ne nous étions
pas pris une telle saucée depuis bien longtemps
! C'est l'aventure après tout, et l'essentiel n'est-il
pas de rester philosophe ? À quoi ressemblerait en effet
un monde sans pluie ? Soirée tranquille
avec Xavier, devant la cheminée où il
a fait un feu spécialement pour que mes vêtements
sèchent !
ASLONNES
- LONGPONT-SUR-ORGE (7 juin, 340 km) 2
PHOTOS
Neuvième
et dernier jour de ce grand et beau périple en
Poitou-Charentes ! Ginette est bien sale à
cause de l'orage d'hier, mais ça lui donne un
côté globe-trotter ! Cette sacrée
mobylette, elle en aura vu du pays, décidément
! Et toujours sans se plaindre ! C'est vraiment une
excellente machine ! Nous partons à
7h15 d'Aslonnes et arriverons chez nous à 15h45, après
donc 8h30 de route. Pour cela, nous commençons
par rejoindre Poitiers, puis bifurquons vers le nord-est
et franchissons la Creuse sur le romantique pont de
La Roche-Posay. Suivront Azay-le-Ferron,
Saint-Aignan, la traversée de la Sologne
jusqu'à Orléans - nous faisons une pause
à mon université -, et bien sûr la traversée
de la Beauce pour rentrer en Essonne. D'interminables
lignes droites se déployent souvent devant nous,
il faut garder le moral ! Et le plaisir intense de se
retrouver seul au milieu de ces vastes paysages m'y
aide beaucoup ! La mob roule très bien,
prouvant une fois de plus son endurance et sa fascinante
régularité sur de telles étapes.
En posant le pied devant la maison, la sensation bien
particulière de l'arrivée m'enveloppe
!
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de page
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INTRODUCTION
NEUKIRCHEN, bourg rural de 7000 habitants dans
le land de Hesse, situé à 120 km au nord-nord-est de Francfort-sur-le-Main, est
la commune jumelée avec Longpont-sur-Orge depuis 1991. Ce n'est donc pas depuis
hier qu'on entend parler de ce fameux Neukirchen à Longpont, et après le succès
du voyage en Allemagne avec mon ami Benjamin à la Toussaint 2004, l'idée de me rendre
là-bas avec Ginette m'a traversé l'esprit. Fin octobre 2004, j'envoie un
mail à M. Jean JACQUIN, Président du Comité de Jumelage, pour lui soumettre mon idée, qu'il
trouve intéressante. Nous sympathisons donc, et je lui explique plus précisément
comment j'imagine ce périple (dates, itinéraires, étapes, et autres informations
pratiques). Lors de l'Assemblée Générale du comité, en janvier 2005, je constate
avec joie que mon initiative a effectivement été retenue. Cerise sur le gâteau : on me propose de donner, là-bas, un récital de piano de mes compositions personnelles (sur un piano
présent là-bas bien sûr, je n'allais pas transporter le mien à l'arrière
de Ginette !).
Les semaines avant le Départ,
je suis régulièrement en contact avec
M. Jean JACQUIN ou avec M. Helmuth WEIDEMEYER, le Président
du «
Partnerschaftsverein » à Neukirchen,
pour organiser le projet. J'apprends ainsi que je pourrai donner trois récitals : --> le lundi 5 septembre à 19h
à l'église Saint-Nicolas --> le mardi 6 septembre à 15h30
à la maison de retraite et à 19h30 au Collège Je
salive alors à l'idée de me lancer dans
une expérience promettant d'être inédite
et très enrichissante sur le plan humain ! Quatre
jours avant de partir, j'installe à l'arrière
de Ginette un panneau
arrière,
comme je l'avais fait pour le voyage en Corse.
Vous
pouvez accédez
ici
à mon autre site Internet, consacré à cette
passion du piano et de la composition.
LONGPONT-SUR-ORGE
- LUXEMBOURG (2 septembre,
381 km) 19
PHOTOS
Pour
la première fois, ce périple connaît
deux départs : le premier devant chez moi, le
second sur la place de la mairie de Longpont, en présence
d'amis et de membres du Comité de Jumelage. Ginette
et moi sommes pris en photo devant la pancarte indiquant
Neukirchen --> 738 km. À 8h40, 10 mn après
que les petits écoliers français aient
fait leur rentrée, ce vendredi matin, nous partons,
et nous replongeons alors dans notre bulle... J'inaugure
ma nouvelle invention : j'ai fixé sur le tableau
de bord une photo de Lucie, ma petite amie,
et moi-même. Du scotch fait office de charnière
: je peux donc « ranger » cette photo sous le
cache-phare ou bien au contraire la mettre en évidence
! Les
kilomètres commencent leur ronde. Il fait
très beau, il fera très beau toute la
journée et, même si nous ne le savons pas
encore, il fera très beau pendant les 7 jours
du voyage. Une chance ! Comme l'an
dernier, Ginette n'a absolument pas tourné pendant
juillet-août, ce qui ne la perturbera en aucune
façon. Nous nous extirpons de la banlieue parisienne
pour retrouver avec plaisir ces si vastes champs parmi
lesquels nous nous sentons, si agréablement,
si petits ! Jusqu'à Reims, via Château-Thierry
(nous passons les 48000 km)
et la vallée de la Marne, la route ne nous est
pas inconnue. J'avale mon pique-nique en sortant de
la ville des sacres, puis la vraie aventure commence
donc.
Nous passons
par Vouziers, Buzancy, Stenay et Montmédy, avant
de quitter enfin le pays ! Nous parcourons quelques
kilomètres en Belgique, via Virton, et passons
à proximité du « PED » (Pôle
Européen de Développement) au moment de
pénétrer dans le Grand-Duché de
Luxembourg ! Il faudra faire preuve d'encore un peu
de patience pour rejoindre sa capitale, la traverser
vaille que vaille, et trouver l'Auberge de Jeunesse
(nuit réservée), où nous arrivons
vers 19h. J'y
rencontre Najib, un neurologue de 40 ans venant de Marrakech,
très sympathique, qui parcourt actuellement l'Europe
en allant de congrès en congrès. Nous
allons nous promener en ville ensemble dans la soirée,
et apprenons à nous connaître. Il me dit
même qu'il m'accueillerait sans problèmes
si l'envie me prenait un jour d'aller au Maroc avec
Ginette ! On dîne dans une petite pizzeria, avant
de revenir dormir à l'auberge.
LUXEMBOURG
- NEUKIRCHEN (3 septembre,
425 km) 21
PHOTOS
Petit
déjeuner à l'auberge, de bonne heure,
puis c'est parti pour une grosse étape ! Ginette
et moi quittons la ville,
et après avoir traversé un peu de campagne
luxembourgeoise recouverte d'une fine brume matinale,
nous franchissons la rivière de l'Our pour entrer
en Allemagne.
Entre Trèves et Coblence, pendant plusieurs heures, nous cueillons le bonheur en descendant la
vallée de la Moselle. À une seule exception près,
nous suivons chacun de ses méandres. Nous nous
laissons ainsi guider par la rivière et contemplons
les versants tout
plantés de vignes, supportant tant de belles
forteresses, et saupoudrés de si charmants villages
! En atteignant enfin
Coblence, je place mes espoirs dans le GPS pour traverser
la ville sans me perdre. En effet, avant de partir,
et grâce à un très bon logiciel
d'itinéraires, j'avais programmé une série
de points importants pour préparer cette petite
épreuve, et maintenant que nous sommes sur place,
le GPS peut nous guider de point en point, il n'y a
qu'à lui obéir ! L'expérience sera
un succès ! Pas, ou si peu, d'hésitations
; pas le moindre mètre parcouru inutilement ;
pas de temps perdu, un vrai régal !
De
longues heures de route nous attendent encore jusqu'à
Neukirchen, via Montabaur, Herborn et Marburg. Le paysage est un peu vallonné,
et la petite Ginette le traverse avec détermination,
franchissant les collines - parfois coiffées
d'éoliennes - avec énergie, courage
et patience. Je suis quand même impatient d'arriver
et commence à fatiguer ! J'ai mal aux fesses,
et essaie de varier les positions sur la selle.
Je me demande parfois avec le sourire : « Mais qu'est-ce
que je fais là ? ». Alors je me raisonne
et me réponds : le trajet se passe sans encombres,
l'arrivée approche, et mon séjour sur
place promet d'être inoubliable ! Alors la vie
est belle ! Après
11h de route depuis Luxembourg, et 21h de route depuis
Longpont en y ajoutant l'étape d'hier, j'entre
donc dans ce fameux Neukirchen, et rejoins vite - grâce
au GPS encore - la Brüder-Grimm-Strasse, où
vit Helmuth Weidemeyer. Il sort de chez lui et vient
m'accueillir dans la rue ! Je fais la connaissance de
sa femme Thea, de sa fille Catherine, et de sa petite-fille
Anna. Il m'offre à manger et nous discutons un
peu, en français, puisqu'il le parle très
bien et que je ne parle pas allemand. Il me montre l'affiche
qu'il a créée et placardée en plusieurs
exemplaires en ville, pour annoncer mes récitals. Lui
et M. SAUER, un de ses amis, qui dirige une maison de
retraite de la ville, m'amènent ensuite à
ladite maison de retraite, à 1 km de là, où ils me présentent
le studio qui m'est réservé, très
accueillant et bien agréable. Je les remercie
chaleureusement, et tombe de sommeil très peu
de temps après ! Ginette, elle, reste tranquillement
chez Helmuth, dans son garage.
PREMIÈRE
JOURNÉE À NEUKIRCHEN (4 septembre,
0 km) 37
PHOTOS
Je
me sens à nouveau d'attaque ce matin ! Je vais
prendre mon petit déjeuner et j'ai un peu de
mal à me faire comprendre de la dame de service.
Heureusement, j'ai acheté un petit dico français-allemand
avant de partir, mais ce n'est quand même pas
simple ! Avant qu'Helmuth
ne vienne me chercher, je vais me promener seul dans
le centre historique, l'appareil photo à la main.
J'observe avec attention ces maisons à colombages,
témoins du bon goût architectural allemand
! Je suis par ailleurs ému en voyant deux pancartes
indiquant Longpont-Platz et Longpont-sur-Orge
--> 738 km. Voir cela si loin de chez moi, c'est
vraiment surprenant ! Je passe enfin à proximité
de l'église, dans laquelle je devrais donner
un récital de mes propres compositions au piano
demain soir. J'aperçois d'ailleurs, au détour
de quelques rues, plusieurs des affiches qu'Helmuth
a créées et fait mettre. Je reviens
à la maison de retraite et Helmuth arrive. On
retourne à l'église et on y entre. Il
me présente à ses amis. On voit le piano,
je joue dessus quelques instants, on réfléchit
à l'organisation du récital. Puis, Helmuth
et sa famille m'invitent à déjeuner à
la terrasse d'un charmant restaurant. Après le
repas, Helmuth me raccompagne à la maison de
retraite, où je me repose un peu.
Vers
16h, il revient me prendre, et m'emmène à
Ziegenhain, un village tout proche où se déroule
aujourd'hui la grande fête communale annuelle,
avec musiciens ambulants, stands et animations en tous
genres. Nous nous promenons dans la rue principale,
bondée, puis allons rapidement visiter un petit
musée historique où Helmuth m'en apprend
sur le travail des paysans autrefois, les cérémonies
solennelles d'antan, ou encore les costumes folkloriques. On
discute ensuite du programme des récitals : il
souhaiterait que j'insère au milieu de mes morceaux
quelques oeuvres connues, on réfléchit
alors et on en sélectionne trois : La Lettre
à Élise de Beethoven, Ne me quitte
pas de Brel, et un morceau de Yann Tiersen tiré
de la bande originale du Fabuleux Destin d'Amélie
Poulain. Enfin, en cette veille de rentrée
scolaire en Allemagne, Helmuth m'emmène voir
le lycée Melanchton, où il enseigne, un
très beau lycée privé, dans un
cadre des plus paisibles, au milieu de la forêt.
Enfin, il m'emmène dîner dans une agréable
pizzeria, sur la terrasse d'ailleurs, en plein air,
puisque le temps le permet. Cette
première journée à Neukirchen a
donc été bien remplie, et ce soir j'attends
toujours avec impatience, excitation, mais aussi avec
du trac évidemment, le récital de demain
soir à l'église Saint-Nicolas !
DEUXIÈME
JOURNÉE À NEUKIRCHEN (5 septembre,
3 km) 32
PHOTOS
Ce
matin, Helmuth fait sa rentrée au lycée,
et ne peut donc pas s'occuper de moi, mais M. RICHARD,
un de ses anciens collègues, prof de français,
me fait visiter la ville. Il a en effet été
guide à Neukirchen par le passé, et en
connaît un rayon sur l'histoire de la ville, voire
de telle ou telle maison. Il me montre la mairie, les
remparts, me parle des colombages et des caves dissimulées,
et surtout nous montons au sommet de la tour de l'église,
à 36 m de haut ! On peut toujours y découvrir
l'appartement de l'ancien gardien, conservé en
son état de 1850, mais surtout on a là-haut
une vue splendide sur la ville et les collines autour
! En milieu de journée,
je suis très gentiment invité à
déjeuner chez M. et Mme. SAUER. Malgré
la barrière de la langue, et le besoin permanent
de recourir, pour moi comme pour eux, au dictionnaire
bilingue, nous passerons un très agréable
moment. Nous parvenons tant bien que mal à mieux
nous connaître ! Le repas est délicieux
! Et grande nouvelle : ils me montrent le journal local
du jour, dans lequel figure un article sur mon voyage
! C'est en allemand, je n'y comprends rien, mais je
suis aux anges !
À
17 heures, il est temps de nous rendre à l'église,
pour réellement préparer le récital.
Helmuth nous y rejoint. Il m'emmène chez lui
pour qu'on récupère Ginette, car il a
eu l'idée qu'on l'installe devant l'église
pour que les auditeurs la contemplent en arrivant !
On la place même dans le petit vestibule, à
l'entrée ! On dispose le piano, on parle du programme,
on met mes CD à vendre en évidence. En
effet, le maire de Longpont est venu à Neukirchen
en août, en voiture, et a ainsi pu apporter 30
CD de mes compositions. Au
total, une vingtaine de personnes me feront l'immense
plaisir de venir m'écouter : la famille et les
amis d'Helmuth surtout ! Il prononce d'ailleurs un petit
discours, pour bien rappeler aux gens par quel moyen
de transport original je suis venu. Puis, à mon
tour, je dis quelques mots de remerciements, qu'il traduit.
Je joue une quinzaine de mes mélodies, et les
trois morceaux connus cités plus haut. Les Allemands
m'écoutent dans un silence religieux, et à
la fin les applaudissements durent, et me font naturellement
extrêmement chaud au coeur ! On me demande même
de jouer un morceau supplémentaire ! Quelques
personnes achètent des CD. Enfin, une journaliste
locale est là pour me poser des questions, en
vue d'un nouvel article. Helmuth fait donc l'interprète
durant l'entretien. Elle me prend en photo au piano,
et avec Ginette devant l'église ! Helmuth
et moi ramenons le cyclo dans son garage, chez lui,
et revenons en centre-ville, à l'Altstadt Café,
pour une petite réunion du Comité de Jumelage,
où il est question de réfléchir
aux projets à venir de l'association. Ce soir,
bon dodo !
TROISIÈME
JOURNÉE À NEUKIRCHEN (6 septembre,
4 km) 15
PHOTOS
Une
journée intense encore ! Ce matin, Helmuth m'emmène
à nouveau à son lycée, où
les cours ont donc repris depuis hier. Il m'en fait
la visite, et me présente à ses collègues,
en particulier à deux jeunes et charmantes profs
de français, avec qui je discute. Puis nous passons
dans la rue piétonne du centre de Neukirchen
où c'est jour de marché. J'observe attentivement
les différents étals (fromage, vins, fruits,
légumes...). Helmuth achète quelques provisions. Nous
nous rendons ensuite au Collège, où il
est prévu que je joue ce soir. Nous y voyons
donc la salle, et je suis impressionné : c'est
une vraie salle de spectacle, avec un piano à
queue sur une belle estrade de théâtre
! Waouh ! Nous revenons déjeuner chez Helmuth,
avec Thea et la petite Anna. Helmuth et moi parlons
de choses diverses en contemplant la belle vue qu'il
a de son balcon.
En
début d'après-midi, on regagne la maison
de retraite, dans le réfectoire de laquelle doit
avoir lieu mon deuxième récital. M. et
Mme. SAUER sont là pour aider les personnes âgées
à se déplacer. Elles sont souvent même
souffrantes ou handicapées, et je suis très
sensible à tous les efforts que chacune d'elle
manifeste pour venir m'écouter. Helmuth m'informe
que mon récital, grâce à un micro,
va pouvoir être retransmis dans toutes les chambres
de la maison de retraite, pour en faire bénéficier
ceux qui ne peuvent pas se déplacer ! Je prends
alors vraiment conscience de l'expérience humaine
que représente ce voyage, ces récitals,
ces instants-là. À
15h30, après de nouveaux discours, de M. SAUER
et d'Helmuth, à l'attention de cette trentaine
de personnes âgées assises près
du piano, je joue mes morceaux pendant une bonne demi-heure.
Les applaudissements et les remerciements seront présents
à la fin, et venant de ces personnes, je les
savoure d'autant plus. Il est difficile de retranscrire
par écrit l'ambiance émouvante de cette
salle, il faut l'avoir vécu. C'était beau,
tout simplement.
En
fin d'après-midi, c'est donc au Collège
que je m'apprête à jouer. Pour l'occasion,
Helmuth et moi allons à nouveau chercher Ginette
pour la placer dans le hall ! Nous attendons longuement
le public, qui ne vient pas ! Seuls trois amis d'Helmuth
viendront. Ce n'est pas grave, je leur joue quand même
mes mélodies, et elles reçoivent à
nouveau de l'estime. Ginette retourne passer la nuit
chez Helmuth, et moi à la maison de retraite.
Que d'émotions donc aujourd'hui encore ! Demain,
la route nous attend !
NEUKIRCHEN
- LUXEMBOURG (7 septembre,
380 km) 34
PHOTOS
Helmuth
vient me chercher à la maison de retraite - il
me montre le journal d'aujourd'hui, dans lequel figure
l'article de la journaliste de lundi soir -, et
m'amène chez lui pour que je récupère
Ginette. C'est avec nostalgie, bien sûr,
que nous nous disons au revoir. Il m'aura tant
aidé tout au long de mon séjour ! Et c'est avec la tête chargée d'images
nombreuses, belles, et puissantes, que je vais quitter
Neukirchen. Je me réjouis d'une telle réussite.
Avant
de partir pour de bon,
je m'arrête sur la Longpont-Platz
pour prendre des photos devant
les fameuses pancartes, en clin d'oeil à celles
prises devant la pancarte jumelle, à Longpont. Je
profite d'une voiture garée là pour poser
l'appareil sur son toit, et ainsi être sur la
photo ! (retardateur)
Pour
revenir au Luxembourg, nous ne reprenons pas le même
itinéraire qu'à l'aller, évitant
cette fois les interminables méandres mosellans,
et coupons au plus court. Pour ce faire, nous passons
plus au sud : Alsfeld, Giessen, Limburg. Nous prenons
des routes importantes, qui nous sont autorisées,
mais où les Allemands roulent vite. Il faut rester
concentré, surtout avec les camions. Ensuite,
ça se calme : nous prenons de plus petites routes,
plus agréables, pour rejoindre la Vallée
du Rhin au niveau de Sankt-Goarshausen, et c'est avec
un grand plaisir que nous grimpons au rocher de la Loreley,
célèbre pour sa légende. Je retrouve
cet endroit huit ans après y être venu
avec mes grands-parents. Il fait chaud ! Photos. Nous
redescendons au niveau du fleuve, et le longeons vers
le sud. À Kaub, devant la forteresse de la Pfalz, nous
nous lançons dans une expérience inédite,
que j'attends avec impatience depuis que je prépare
ce voyage : Ginette et moi souhaitons tout simplement
traverser le Rhin à bord d'un bac (aucun pont
entre Mayence et Coblence !). Je suis sidéré
de la facilité avec laquelle on monte à
bord : personne ne nous demande rien, et ce n'est qu'après
avoir quitté la rive qu'un type vient nous demander
deux maigres euros. Ginette déambule donc sur
ce fleuve extraordinaire, et à cet endroit somptueux
de son cours ! L'expérience est inoubliable !
Une
fois de l'autre côté, nous reprenons patiemment
la route jusqu'à Trèves, via Simmern et
Morbach. En retrouvant la vallée de la Moselle
près de Mehring, nous refermons enfin la boucle
! Nous passons les 49000 km en traversant Trèves,
et le Luxembourg, bientôt, nous rouvre ses bras.
Je retrouve facilement l'Auberge de Jeunesse, et ce
soir je me fais plaisir en m'offrant un mémorable
dîner au restaurant : crème de tomate,
magret de canard à la sauce à l'orange,
un peu de vin rouge, café glacé. Merci
Ginette ! Une belle surprise clôt la journée
: j'assiste par hasard à un chouette feu d'artifice
tiré au dessus de la ville !
LUXEMBOURG
- LONGPONT-SUR-ORGE (8 septembre,
383 km) 4
PHOTOS
J'ai
tellement mangé hier soir que je ne prends même
pas de petit déjeuner ce matin, ce qui me permet de partir plus tôt,
dès 7h10. Et oui, il faut reconnaître que
je suis impatient de rentrer à Longpont, et de
retrouver les miens pour leur raconter ces aventures
! Cette impatience se manifestera d'ailleurs dans notre
rythme élevé, tout au long de l'étape
d'aujourd'hui ! Jugez plutôt : nous tenons le
41,6 km/h de moyenne du début à la fin, ralliant
Luxembourg à Longpont en 9h12 seulement, et j'insiste
sur le « seulement » ! Nous
ne rencontrons aucune difficulté pour traverser la ville
de Luxembourg, rejoignons la Belgique sans problèmes,
nous ne nous égarons pas dans les alentours de Virton
(pas comme à l'aller), et retrouvons bien vite
le cher pays de notre enfance... Contrairement
à hier, nous rentrons exactement par le même
chemin que le premier jour : Montmédy, Stenay,
Buzancy, Vouziers. Nous avançons vite donc, au
beau milieu de cette vaste campagne peu peuplée,
quittant peu à peu les forêts de Lorraine
pour les champs infinis de la Marne. Nous mettons le
cap sur Reims, que nous traversons en nous perdant un
peu. Dernier plein d'essence. Au
fil des kilomètres, l'impatience continue de
grandir, ce qui m'incite, malgré la chaleur,
à être toujours exigeant auprès
de ma petite Ginette, qui supporte l'épreuve
sans soucis. Aux abords de Dormans, nous retrouvons
la vallée de la Marne, que nous suivons jusqu'à
La Ferté-sous-Jouarre. Dernière pause,
il ne reste que 90 km, ça commence à sentir
bon comme on dit !
Et
comme à chaque fois quand nous partons vers l'est,
il faut finir comme on a commencé, c'est-à-dire
par la partie un peu pénible de banlieue parisienne
: une quarantaine de kilomètres de Brie-Comte-Robert
à la maison. Mais le bonheur intense et vraiment
intime d'arriver enfin, d'avoir réussi un voyage
de plus, et de l'avoir pleinement savouré, est
très largement à la hauteur de la fatigue
causée par ces 1576 kilomètres et ces
3 récitals ! À mon âge, je supporte encore,
ce ne sera peut-être plus le cas dans quelques
années, alors autant en profiter au maximum maintenant
! Comme d'habitude, je retrouve mes parents avec joie,
et eux me revoient avec soulagement ! Ginette a été
parfaite du début à la fin, elle pourrait
bien repartir dès demain !
-
o O o -
Un
mois plus tard, ce voyage à Neukirchen fera encore
l'objet d'un article de presse, mais cette fois dans
le Républicain (édition du Coeur de l'Essonne)
journal local de Longpont et de ses environs.
Revoyez
l'affiche annonçant les récitals, et surtout
découvrez ces fameux articles dont Ginette a
fait l'objet en cliquant ici.
Pour
les deux premiers articles, en allemand, vous disposerez
de leur traduction.
D'autre
part, vous pouvez accédez
ici
à mon autre site Internet, consacré à cette
passion du piano et de la composition.
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