INTRODUCTION 18
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«
Le
défi que je veux relever, en partant pour
la Corse, consiste à rallier la maison de ma grand-mère, à
Toulon, depuis ma maison de Longpont-sur-Orge, en moins de vingt-quatre heures, et au moyen
d'une machine que je suis capable de porter à
bout de bras ». Voilà ce qui m'obsède
courant 2003. À la difficulté de réussir
un tour de Corse à cyclomoteur, je veux donc
ajouter celle de rejoindre, depuis la région parisienne
et sans escale, la Méditerranée ! Jje ne dis pas un mot à mes parents
de ce caprice d'adolescent, et leur prétends
que ma descente « sur la Côte » s'effectuera
en deux jours, ce qui leur paraît déjà
court. Et pourtant,
je n'aurais jamais eu ce caprice si mon
père ne m'avait pas raconté, un jour,
avoir déjà réalisé cet exploit.
Il y a trente ans, avec une 125cc en rodage, à 60 km/h, il avait rallié
Toulon depuis Paris par l'autoroute ; parti pour descendre en deux
ou trois jours, il ne s'était finalement pas
arrêté dormir ! Quittant Paris à
8h du matin, il était arrivé à
Toulon à 6h05 le lendemain matin, soit après
22 heures et 5 minutes de trajet !!! Quelle
fierté si Ginette et moi pouvions en faire
autant !!! Mais nous, nous passerions par les routes
nationales. Cependant,
au fur et à mesure que je prépare mon
périple, l'idée de cette épreuve
finit par m'intimider, et par me faire accepter
de descendre à Toulon en deux jours. En effet,
suis-je vraiment conscient de ce qu'un « non-stop
»
représente ? Je n'en suis pas sûr,
alors mieux vaut rester sage et prudent, et penser
plutôt à ménager la mob pour la
suite du voyage, la Corse, qui ne sera pas une mince
affaire ! Je réserve donc une nuitée
à Vienne, au sud de Lyon, pour l'aller comme pour le retour,
sans me douter que...
LONGPONT-SUR-ORGE
- TOULON en 22 heures et 38 minutes (30
- 31 août,
842 km) 40
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C'est
à 7h01 que, ce lundi 30 août au matin, Ginette
et moi quittons la maison et la famille. Je pense alors
que nous partons pour treize heures
de route jusqu'à Vienne, auxquelles s'ajouteront le
lendemain
neuf autres heures pour gagner Toulon.
Il en sera tout autre... Comme
prévu, nous marquons 20 minutes de pause tous
les 90 km - c'est-à-dire toutes les deux heures
-, et comme espéré Ginette
se comporte à merveille : pas le moindre bruit
suspect, pas le moindre « raté » du moteur,
rien à dire ! La traversée de Lyon par
l'ouest se passe bien, nous ne nous y perdons pas trop,
et treize heures après le départ, à
20h donc, après 500 km, nous approchons de Vienne, comme prévu également.
Et
à ce moment-là, si heureux de voir enfin
se profiler devant moi cette Vallée du Rhône
si longtemps rêvée, si surpris que ces
treize heures se soient écoulées si vite,
tellement encouragé par les prouesses de Ginette, et persuadé
en la conduisant qu'elle est bien partie pour continuer
ainsi, je me sens animé
d'une pêche d'enfer !!! Il faudrait
que je m'arrête dormir ici, et attendre demain
matin pour repartir, alors que l'adrénaline me
donne l'impression de n'avoir conduit que quelques minutes ? Les
22 heures de mon père me hantent bien sûr,
la tentation est bien trop grande, et après réflexions
j'y succombe avec plaisir ! Ni
ces 500 km diurnes, ni ces 350 km nocturnes, ne peuvent
vraiment se raconter. Il faut les vivre. Trois choses à
retenir cependant : j'ai appelé ma mère
pour la mettre au courant de mon changement de programme
(elle l'a bien sûr mal digéré et
n'en dormira pas de la nuit) ; la fatigue m'a rattrapé
plus vite que je ne le croyais
(mais la motivation était trop grande pour se
laisser abattre) ; c'est à 5h39 du matin que
je suis arrivé devant la maison de ma grand-mère,
22 heures et 38 minutes après avoir quitté
mon chez-moi essonnien. Je
n'ai jamais été aussi fatigué et
fier à la fois ! Petite
anecdote : excepté 20 km parcourus la veille
du départ, Ginette n'avait absolument pas roulé
depuis deux mois !!! Les brusques changements de rythme
ne lui font donc pas peur !
TROIS
JOURS À TOULON + ferry (31 août - 2 septembre,
11 km) 19
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Vingt-quatre
heures me seront nécessaires absorber la fatigue.
Mes jambes sont lourdes, un peu douloureuses, surtout
le soir, et j'ai du mal à m'asseoir ! Au
programme de ce 31 août, après avoir
dormi entre 7h et 12h (quel bonheur !) : repos, bons
repas de ma grand-mère, mails, coups de fil,
piscine. Je réfléchis
aussi : j'ai prévu d'apporter Ginette dans un garage pour une révision avant
de repartir pour la Corse, mais est-il sensé de la confier à
des mains inconnues alors qu'elle ne présente
aucun souci et n'a même jamais aussi bien
fonctionné ? Non. Je ne l'amènerai donc
nulle part, j'ai confiance en elle ! Mercredi
1er septembre, je la
ressors pour me rendre à la sympathique crique de
Magaud, où j'ai l'habitude d'aller chaque fois que je viens en vacances à Toulon.
Je peux donc enfin filmer la mob devant
la Méditerranée ! Moment magique. Le
soir, en pensant à la Corse,
je suis impatient et sceptique à la fois. Aller
sur une île inclut des difficultés supplémentaires
en cas de panne, en raison de l'isolement, qui plus
est sur une île montagneuse ! Mais c'est bien ce
que je souhaite depuis longtemps ! La
journée de jeudi 2 passe tranquillement. En
fin d'après-midi, sentant le départ toujours
plus proche, je me sens fatigué. Le trac monte,
c'est normal. Préparation morale et réflexions
pour lutter. Après dîner il
faut y aller : je quitte ma grand-mère à
21h et rejoins le port. Le ferry, de Corsica Ferries, a deux heures de
retard ! J'attends sur le quai, au milieu des voitures
et des autres motos. Je sympathise avec certaines personnes
interpellées par le panneau
arrière
que porte fièrement Ginette. On
embarque à 22h45. Quelle sensation
de franchir cette pente métallique pour monter
à bord !!! Dans les « parkings » du bateau,
un employé italien me montre où placer
la mob, et un de ses collègues vient l'arrimer
avec une corde. Je la laisse donc en lui souhaitant
un bon voyage, puis je vais reconnaître les lieux sur
le bateau avant d'attendre le départ depuis le pont
supérieur. La vue sur Toulon, de nuit,
est très belle. Le ferry largue les amarres à
0h15. Je filme un peu avant d'aller dormir sur un des
fauteuils d'une grande salle réservée
à cet effet (c'était bien moins cher que
de prendre une cabine).
BASTIA
- MORIANI-PLAGE (3 septembre,
164 km) 26
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Grande
émotion en apercevant, depuis le pont du ferry,
au lever du soleil, le Cap Corse sortir de l'eau ! Nous accostons à
Bastia à
8h30, je retrouve Ginette avec
plaisir et vis bien sûr avec beaucoup d'émotion la
descente du ferry et les premiers tours de roue sur le sol corse
! Eh bien voilà, nous sommes arrivés, après avoir
tant rêvé de ce moment ! Le voyage
peut commencer... Ce
n'est pas la première fois de ma vie que je viens
en Corse. En 2001 notamment, avec mes parents, en camping-car,
j'ai déjà pu visiter
pas mal de sites sur l'île. Cette fois, avec Ginette,
je le
reconnais sans mal, mon désir consiste surtout
à « prendre mon pied » sur les petites
routes sinueuses et perchées dans la montagne
plutôt qu'à mener un tourisme culturel.
C'est pourquoi
j'ai prévu une assez longue
étape pour chaque journée. Au
menu de ce vendredi matin, le tour du Cap Corse... et
en effet c'est le bonheur total ! La lumière
étincelante, les couleurs, les reflets sur la
mer qui est d'un bleu on-ne-peut-plus-méditerranéen,
le littoral aux côtes découpées,
qui entraînent la route de-ci de-là, les
petits villages nichés dans des criques... la
Corse ne pouvait pas nous réserver un plus bel
accueil ! À
midi, délicieux
restaurant à Patrimonio, sur une terrasse. L'ambiance est tranquille,
les serveurs sympathiques, et j'y mange très
bien. Je repars donc le coeur léger ! Vient alors
notre première ascension sérieuse : celle
du col de Teghime (536 mètres). Elle se passe sans encombres, très
lentement mais sûrement ! Ensuite, nous roulons jusqu'au
col de San Stefano avec un détour par l'église
de Murato et redescendons dans la plaine orientale par l'étroit
défilé de Lancone. Conduite extrêmement
agréable ! La
route nationale nous mène à Moriani-Plage où je découvre ma première
chambre d'hôtel, l'Abri des Flots, un établissement
très
sympa ! Je ne résiste pas à l'envie
d'aller faire quelques brasses dans la mer, à
cent mètres de là ! La plage est dé-ser-te
! Le soleil se couche derrière les montagnes
et ne me rôtit donc pas,
l'eau est délicieuse, que demander de plus ? La
soirée ne sera pas moins magique grâce
à un excellent
dîner
sur la terrasse du restaurant de l'hôtel. Je commande
de la charcuterie corse, bien sûr !
MORIANI-PLAGE
- CORTE (4 septembre,
164 km) 36
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Après
une agréable première nuit sur l'île
et un réveil mémorable (voir
anecdote),
Ginette et moi partons enfin à l'assaut de la montagne. Nous débutons notre
ascension de la Castagniccia et la traversons par Piedicroce
et Morosaglia.
Nous grimpons successivement à 819 et 985 mètres,
des records ! Les paysages deviennent fantastiques
et tous ces lacets nous réjouissent
!
Nous
atteignons Ponte Leccia
relativement de bonne heure, alors je décide
de nous aventurer dans les gorges de l'Asco,
ce qui n'était pas prévu initialement.
Nous irons jusqu'au village d'Asco, à 620 mètres
d'altitude, et dans leurs parties
les plus étroites ces gorges sont littéralement
époustouflantes !
La montée vers Asco est un peu difficile mais
Ginette s'en sort, comme toujours, lentement
mais sûrement. Jus d'orange frais sur la terrasse
d'un bar, face aux montagnes. Adolescence intense mais
paisible... En
revenant à Ponte Leccia, nous prenons la nationale
jusqu'à Corte, ville que je suis bien sûr
ravi d'atteindre. J'y trouve rapidement mon hôtel,
très agréable et accueillant (en plus
je suis surclassé), y pose mes
affaires et repars pour l'une des grosses difficultés
du voyage mais qui me laissera des souvenirs extrêmement
forts : l'ascension des gorges de la Restonica ! 1000
mètres de dénivellation en 15 kilomètres
seulement,
et la montée est exponentielle ! Quel courage
et quelle énergie déployée par
ce petit moteur, quel beau combat contre la gravité,
quelle fierté de se hisser jusqu'au sommet sans soucis,
quel paysage magique ! Les splendeurs du lieu - qu'elles
soient rocheuses, aquatiques ou végétales
- dévoilent tout leur charme sous un beau soleil
de septembre et me laissent rêveur ! Buvette, achat de cartes postales,
appréciation du moment, et il est déjà
temps de redescendre dans la vallée. À
l'hôtel,
j'écris mes cartes postales... et tombe de ma chaise
dont les pieds ne tenaient pas bien ! Fou rire personnel
garanti ! Je la répare. Soirée
parfaite : restaurant très sympa et promenade pédestre
nocturne dans la vieille ville, près de la citadelle,
sous les étoiles. Méditations sur le bonheur
de l'instant présent depuis le belvédère
qui domine la ville...
CORTE
- AJACCIO (5 septembre,
169 km) 45
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C'est
sans
doute la journée la plus mémorable du
voyage ! Il fallut d'abord, après avoir retrouvé
la vallée du Golo et avoir contemplé le
lac artificiel de Calacuccia, se hisser jusqu'au plus
haut col routier de l'île, le col de Vergio, à
1477 m ! Ce ne fut cependant pas une rude
épreuve puisque la montée, par l'est,
est douce, sans parler du décor toujours aussi somptueux
! Puis
ce fut la redescente, par Evisa, jusqu'au golfe de Porto.
Les gorges de Spelunca offrent un panorama splendide
!
La couleur rouge des montagnes contraste avec le vert foncé des forêts
et le bleu du ciel et de la mer. Les dénivelés
sont véritablement impressionnants, vertigineux
même, la route est accrochée
à la falaise et la traverse parfois ! On se sent vraiment perché !
J'avale un panini
à Porto avant de repartir pour une nouvelle
difficulté de taille : les calanques de Piana,
et surtout la petite route qui descend
à l'anse de Ficajola. Elle est classée
« parcours difficile ou dangereux » sur la carte,
et de fait : 400 mètres de dénivellation
pour un peu moins de 4 km seulement, avec une pente
atteignant parfois 16 % ! J'hésite avant de m'y
engager, mais ne résiste finalement pas à
la tentation. Rien ne me garantit que je reviendrai
ici un jour, alors comment quitter les lieux sans être
rongé de regrets si je ne vais au bout des choses
? La descente se passe bien,
je fais attention à la façon de solliciter
les freins. La petite crique, là en bas, est ravissante.
Mais il commence à pleuvoir un peu et nous avons
encore pas mal de route jusqu'à Ajaccio, alors
je ne
m'attarde pas trop au bord de l'eau. Ginette
réussit à
se hisser vers le ciel au prix d'une émouvante
lutte de douze minutes entre son petit moteur, transportant un «
lourd
fardeau », et la gravitation terrestre ! Parfois, je l'aide quand
même un peu avec les pieds. Repos au sommet, le moteur ne surchauffe même pas
; c'est donc d'excellente humeur que nous reprenons
la route vers le sud ! Cargèse, Sagone (arrêt
glace marron-banane-poire) et
enfin Ajaccio ! Je
dors à l'hôtel Kallisté et dois
ranger Ginette dans un petit garage deux rues plus loin. Après
un bon repos dans ma chambre, je vais me promener en
ville au crépuscule, au bord de la
mer. Je trouve un très agréable restaurant pour dîner. Retour à
l'hôtel et bon dodo !
ENVIRONS
D'AJACCIO (6 septembre,
129 km) 36
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Étape
plus petite aujourd'hui, que l'on pourrait résumer par une bonne virée autour
du Golfe
d'Ajaccio. Nous parcourons
en effet une boucle au départ de la capitale
corse. Nous
longeons d'abord la côte jusqu'au Capo Nero et
contemplons le golfe de Valinco depuis un magnifique point de vue.
Nous en profitons pour marquer une pause à chaque
presqu'île (pointes de Porticcio, de Sette
Nave, de Portiglio et de Guardiola) pour
approcher de près les tours génoises
qui parsèment le littoral corse. Le paysage n'est
autre que grandiose, surtout
au Capo di Muro, d'où l'on voit à
la fois le golfe d'Ajaccio et celui de Valinco !
Puis
nous reprenons la direction du nord mais par l'intérieur
des terres et plusieurs petits cols. Pique-nique au bord de
la route. Le village de
Coti-Chiavari me charme particulièrement avec
son église perchée face au panorama du
golfe. Envoûtant mélange de couleurs sous
l'éclat du soleil, en cette fin d'été ! De
retour à Ajaccio, je me repose un peu à
l'hôtel. Puis, en toute fin de journée, Ginette
et moi rejoignons la Pointe de la Parata pour assister
au coucher de soleil sur les Îles Sanguinaires
! Nous ne serons pas déçus ! Là
aussi, les couleurs émeuvent, la mer miroite,
la brise transporte. Après huit jours de voyage
et déjà 1500 km parcourus depuis Longpont, tout se passe toujours aussi bien,
je savoure à fond !... Retour
en ville de nuit et dîner dans le centre.
AJACCIO
- AULLÈNE (7 septembre,
195 km) 59
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Nous nous réengageons dans l'intérieur
des terres par la vallée du Prunelli pour atteindre Bastelica. Sur la place du village je vois une pancarte indiquant
VAL D'ESE. Je regarde ma carte et y découvre effectivement
une route très sinueuse qui grimpe à flanc de montagne
jusqu'à 1600 mètres d'altitude (Bastelica est à 800 mètres).
À cet instant précis, pensant à tous les kilomètres
qui sont déjà prévus ce jour-là, je
me dis à haute voix : «
Non, non, pas question d'y aller.
» Il
ne faudra pas plus de deux minutes, passées à contempler
la carte et ma montre, pour que je finisse par la ranger en lançant
à Ginette : «
Va pour le Val d'Ese !
» Il paraît
qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent jamais d'avis.
Et je serai loin de le regretter car cette montée de 15 km
est époustouflante, le paysage bluffant, et nous atteignons
l'altitude record de 1624 mètres ! (Jamais Ginette ne sera
jamais allée plus haut.) Descente
inoubliable évidemment, et de retour à Bastelica nous reprenons
l'itinéraire initial vers le nord et le col
de Scalella (1193 mètres), dont le sommet sera la scène d'une sympathique rencontre
! (voir
anecdote) Nous
retrouvons la route nationale et grimpons lentement au col de Vizzavona (1163 mètres) après
Bocognano. Les nuages viennent flirter avec le Monte d'Oro
au nord et le Monte Renoso au sud.
Nous redescendons ensuite sur Vivario pour emprunter
l'étroite D.69 vers le sud. Par de très
nombreux lacets, elle nous fera franchir avec un immense
plaisir le col de Sorba
(1311 mètres) et celui de Verde (1289 mètres). À
Ghisoni, je
me rue à la Poste pour téléphoner
à mes parents car mon portable ne capte
pas et il m'est impossible de leur donner des nouvelles
!
Ma mère est donc rassurée de m'entendre
enfin. Petit goûter
avant de repartir. Cette route dans la forêt
est particulièrement agréable.
Ginette se penche dans les virages comme un enfant
qui s'amuse ! Cochons et vaches parsèment
le parcours. Nous arrivons bientôt au village
de Zicavo, à la sortie duquel nous nous arrêtons
devant une très belle cascade. Une
trentaine de kilomètres plus loin, après
le col de la Vaccia (1193 mètres), nous atteignons Aullène et
son hôtel. De ma chambre, j'ai une superbe
vue sur les montagnes corses au coucher du soleil (voir
anecdote).
Pour
ne pas changer les bonnes habitudes, je dîne au
restaurant, puis je vais me coucher, crevé
mais toujours aussi heureux bien sûr !
AULLÈNE
- BONIFACIO (8 septembre,
176 km) 50
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Les
montagnes sont fraîchement ensoleillées
lorsque je me lève. Ginette et moi faisons
un petit circuit autour d'Aullène, par Loreto-di-Tallano,
Sainte-Lucie-de-Tallano, Levie, Zonza et Quenza. À
un
moment, en roulant, tac, grosse piqûre dans le
cou, d'un gros insecte probablement. Elle me picotera
toute la journée mais finira par passer
petit à petit. Nous revenons ensuite à
Sainte-Lucie-de-Tallano pour descendre sur Propriano.
Instants de repos sur la plage, devant le va-et-vient
tranquille des vagues, face à ce golfe de Valinco qui s'ouvre
sur la Méditerranée. À
présent, en route pour l'extrémité
sud de l'île ! Nous en profitons pour grimper
à Sartène d'où nous contemplons le
panorama. Sur la route, le temps passe lentement
quand l'impatience est grande ! Mais heureusement Ginette est
en excellente forme et me transporte toujours plus loin
sans se lasser. Les célèbres falaises
de Bonifacio finissent enfin par se dévoiler
à nous ! La chaleur est au rendez-vous (Bonifachaud ?), et pouvoir
apercevoir la Sardaigne dans le lointain me comble de joie ! Nous passons dans
la vieille ville,
contemplons le port depuis ses hauteurs et
la mer depuis le cimetière marin. Ensuite, nous
nous rendons au Capo Pertusato pour une promenade
à pied aux abords du sémaphore, à
flanc de falaise, sous le cagnard ! Lorsque nous revenons
en ville, je suis épuisé. J'achète
à boire dans une station service
puis gagne mon hôtel. La
chambre est parfaite ! Je sais que cette journée
aura été notre dernière grosse
étape sur l'île, puisque les deux derniers
jours seront plus calmes. Les dernières difficultés
nous attendent demain, avec le col de Bavella.
Sans vendre la peau de l'ours, je commence tout de même
à avoir bon espoir que nous soyions dans le ferry
à Bastia après-demain soir ! Je
termine la journée par une délicieuse
promenade sur le port de Bonifacio au moment du crépuscule
et par un excellent dîner : je trouve un
restaurant faisant pleinement face au port et aux bateaux,
il y a peu de clients et je serai d'ailleurs l'un des
seuls à s'installer tranquillement sur la terrasse
pourtant très accueillante, la serveuse est charmante...
elle est pas belle la vie ?
BONIFACIO
- GHISONACCIA (9 septembre,
128 km) 53
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Nous
quittons de si méridionales latitudes pour rejoindre
dans un premier temps Porto-Vecchio. Petit tour en centre-ville,
puis nous nous lançons à l'assaut de la
route qui grimpe à Zonza. Dès
ses premiers kilomètres, elle nous offre une
magnifique vue sur tout le golfe de Porto-Vecchio. Un
peu plus loin, nous arrivons au barrage de l'Ospedale
et à son lac. Nous nous arrêtons pour le contempler,
et je rencontre là quatre Essonniens, deux hommes
et deux femmes. On sympathise ! Peu
à peu, à travers la forêt, nous
gagnons donc Zonza. J'y fais quelques achats. La dernière
réelle difficulté du voyage, le dernier
col à plus de 1000 mètres, ne posera pas
plus de problèmes que les précédents. Il s'agit bien entendu du col
de Bavella (1218 mètres), entouré de ses époustouflantes
aiguilles que je n'hésite pas à filmer
longuement. La pente, depuis Zonza, n'est pas très
raide ; elle l'est beaucoup plus de l'autre côté
en revanche, dans la descente vers la mer, et je suis
admiratif devant les cyclistes que je croise et qui
tirent la langue de fatigue, parfois même alors
qu'il leur reste encore le plus gros à faire. Nous
retrouvons donc la mer à Solenzara, cette fois
pour ne plus la quitter jusqu'à notre départ
de l'île, si tout se passe bien. Petite pause
sur le port de plaisance avant de couvrir la distance
nous séparant de Ghisonaccia. Là, je retrouve
une famille d'amis : Patrick, Anne-Marie
et leurs trois enfants Chloé, Betty et Antoine. Nous passons une très
agréable soirée ensemble, tous les six.
Je joue avec les enfants dans le jardin, nous dînons
très bien, nous nous racontons des tas de choses,
nous nous payons des fous rires... ces échanges
humains et amicaux me font beaucoup de bien après
ces sept jours « en solitaire ». Je
me couche et dors tant bien que mal car je suis harcelé
toute la nuit par un moustique. Mais que représente
cette gêne vis-à-vis du bonheur intense
de sentir la « partie Corse » de mon projet
bientôt terminée et réussie avec
succès ? Alors dans ma tête résonnent
en boucle ces paroles de Chelon dans sa chanson
« Leslie » : « pour rien au monde j'donnerais
ma place... »
GHISONACCIA
- BASTIA + ferry (10 septembre,
89 km) 59
PHOTOS
Je
passe une bonne partie de la journée avec mes
amis. Je prends
mon petit déjeuner avec les enfants avant qu'ils
ne partent à l'école ou au collège,
puis Patrick et moi
allons nous amuser sur la plage : ses passions pour
le modélisme et la photo lui ont un jour donné
l'idée de charger un appareil photo numérique
dans un avion télécommandé, et
prendre ainsi de nombreux clichés du littoral
avec un peu
d'altitude ! Il me montre donc cette activité
particulièrement divertissante ! Puis,
après le déjeuner, Anne-Marie et lui m'emmènent
voir les thermes de Pietrapola. Nous y discutons avec le gérant,
qui nous indique un robinet où
l'eau sort à 54°C ! On vérifie vite
avec la main... Puis nous montons en voiture au village
de Prunelli-di-Fiumorbo qui, par son altitude, domine
toute la plaine orientale ! Magnifique panorama donc. À
16h30,
nous
rentrons à Ghisonaccia et je dois déjà
quitter mes amis après avoir passé
vingt-quatre heures en leur si sympathique compagnie
! Ginette et
moi reprenons donc la route nationale sur 90 km, en
direction du nord, pour rejoindre Bastia vers 18h30.
Malgré quelques embouteillages, j'arrive en avance pour le ferry alors
je vais faire quelques achats-souvenirs
pour ma famille. Puis j'attends sur le port pour embarquer
(dans un premier temps, je me trompe de file de véhicule : nous
allions partir vers une autre destination !). À
cet instant, bien sûr, la joie
est intense. Depuis le temps que
j'en rêve, et après m'être si souvent
dit « Ce n'est
pas possible, la mob ne supportera pas
tout cela, on va forcément avoir
un problème ! », je suis envahi par un délicieux sentiment de victoire,
au moins sur cette partie du voyage, car
il nous reste encore 850 km pour
rentrer à Longpont ! Nous
embarquons donc et partons presque à l'heure.
Je regarde alors le rivage corse s'éloigner
lentement, de nuit, en repensant à toutes les
péripéties de ces huit jours sur l'Île
de Beauté !
Côté distance, nous avons parcouru 1254
km de Bastia à Bastia, et 2067 km depuis Longpont.
Je vais à nouveau dormir sur un fauteuil. Ciao la Corse et surtout MERCI !!!
DEUX
JOURS À TOULON (11
- 12 septembre,
29 km) 23
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À
2 heures du matin, je vais faire un
petit tour sur le pont : nous sommes au milieu de nulle
part et perçons lentement l'obscurité
marine. Je me rendors jusqu'à 5h45, tandis que le littoral
toulonnais approche ! Ginette et moi quittons
le navire à 7h
et arrivons chez ma grand-mèrequinze minutes plus tard.
Grandes retrouvailles ! J'appelle ma
mère, très heureuse de me savoir de retour
sur le continent ! Elle a même du mal à
réaliser, comme moi, que nous avons « réussi la Corse
». Au
programme de ces deux jours : du repos ! Les prévisions
météo me poussent à avancer mon
retour à Longpont : je rentrerai, en
deux journées cette fois c'est promis, les 13 et 14 septembre
et non plus les 14 et 15. Je passe des coups de téléphone,
envoie des textos et des mails pour prévenir
mes amis de l'avancement du périple. Dimanche
12, pour le fun, je demande à Ginette
un autre petit effort : l'ascension du Mont-Faron, qui
domine la ville de Toulon et culmine à
plus de 500 mètres d'altitude. Je viens en vacances
à Toulon depuis ma naissance et j'ai toujours
beaucoup aimé le Faron, le gravir comme le contempler ! Quoi de plus logique que d'y grimper en RCX ? Comparée aux calanques de Piana ou aux
gorges de la Restonica, cette ascension s'avérera
d'ailleurs un jeu d'enfant, et cette route sinueuse, sans protection
ou presque avant le rebord, nous procurera un plaisir fou, comme espéré
! Du sommet, la vue sur la ville et la mer est grandiose
! En rentrant je vérifie
les pneus de la mob. Là encore, comme elle semble
toujours en pleine forme, je renonce à l'amener
chez un garage pour la faire réviser avant
cette remontée à Longpont. J'ai confiance
! Ce
jour-là également, j'apprends ou réapprends
deux très beaux poèmes : L'isolement,
de Lamartine (« Un seul être vous manque et tout
est dépeuplé »), et L'invitation
au voyage, de Baudelaire.
Les réciter sur la route m'occupera !
TOULON
- LONGPONT-SUR-ORGE en deux jours (13
- 14 septembre,
353 + 481 = 834 km) 72
PHOTOS
«
Mais
comment avons-nous pu faire les huit cent et quelques bornes d'une traite
? » Je me le demande vraiment en arrivant chez moi,
ce mardi 14 septembre à 19h55, déjà
bien fatigué
par les 480 km de la journée (seulement) depuis Vienne.
Ginette se montrera donc toujours aussi souveraine
au long de ces deux journées de route. (Mais elle ne dira
pas non à une bonne révision quelques jours après !) Lundi
13, nous partons de chez ma grand-mère à 9h
et gagnons l'Auberge de Jeunesse de Vienne à
18h30. Nous pouvons donc enfin admirer le paysage de cette
vallée du Rhône sous la lumière
du jour, contrairement
au trajet de l'aller ! Les gorges d'Ollioules, le centre d'Aix-en-Provence,
la vue sur le Mont-Ventoux... La Provence nous dévoile
enfin ses couleurs ! Ginette
fait des prouesses d'autonomie : plus de 200 km sans
utiliser la réserve ! L'Auberge de Vienne (où
j'étais censé m'être arrêté il y a deux semaines) est très
sympa. J'ai même une chambre de trois lits rien
que pour moi et la fenêtre donne sur le Rhône
! Que demander de plus, si ce n'est de dîner dans
une bonne pizzeria
à quelques rues de là ? Le lendemain, mardi
14, réveil à 6h30. Le phare de la mob
ne fonctionne plus, j'attends donc qu'il y ait suffisamment
de lumière pour partir, vers 7h10. Nous remontons
sur Lyon par Givors et contournons la ville par l'ouest
pour récupérer la N.6 plus au nord. À
partir de là, et comme à l'aller, c'est
tout droit jusqu'à Fontainebleau !
La route me paraît beaucoup plus
longue que le premier jour, surtout à partir
de Châlon-sur-Saône. Il ne reste que 300 km, ce qui est peu comparé aux 2600 km
déjà
accomplis, donc on se sent près du but et très
impatient de retrouver enfin son chez soi. Mais nous
n'avancerons pas plus vite ! Alors
patience, et au contraire... profitons pleinement
des dernières heures de cet extraordinaire voyage
! Sens (on se prend
une bonne averse, brève mais forte),
Fontainebleau, N.7, Évry, Ris-Orangis, Sainte-Geneviève-des-Bois
et enfin Longpont-sur-Orge !!! Merveilleuse
surprise : mon meilleur ami Benjamin m'attend à 500 mètres
de chez moi, pour qu'on finisse le trajet ensemble !
Quant à mes parents et mon frère, je vous
laisse imaginer leur soulagement de me revoir enfin
!!! Cinq minutes avant d'atteindre la maison, j'avais d'ailleurs
envoyé un texto à ma mère sur lequel
j'avais simplement écrit : « Mais ai-je jamais
rien fait d'autre qu'arriver ? » Les admirateurs
de Brel
comprendront cette référence. Adrien, un autre
de mes meilleurs amis, vient aussi à la maison peu après.
Nous passons la soirée tous ensemble autour d'un
bon apéritif. J'ai tant d'anecdotes à
leur raconter !
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|
INTRODUCTION
Les
dirigeants de Peugeot-Motocycles, avec qui j'entretiens une correspondance
par Internet depuis quelques mois, ont été
agréablement surpris d'apprendre que Ginette
et moi avions réussi ce tour de Corse. Ils veulent
me faire un cadeau : m'inviter à
Mandeure, près de Montbéliard, pour visiter
l'usine de fabrication des scooters Peugeot, et peut-être
même discuter de projets futurs ! Quel honneur
! Mon meilleur ami Benjamin
vient d'avoir un scooter, et il a de la famille dans
les Vosges. Je lui propose donc de m'accompagner dans
l'est pour faire d'une pierre deux coups au long d'un périple inédit !
LONGPONT-SUR-ORGE
- COLMAR (23
octobre,
460 km) 11
PHOTOS
Comme
souvent, la première journée de voyage
est une grosse étape, pour atteindre la région
visée. Pour la première fois donc, Ginette
et moi taillons la route avec deux nouveaux compagnons
: Benji et son scoot ! Et la coopération se passera
à merveille, tout au long de ces cinq jours d'ailleurs
! Partant de nuit,
à 7h du matin, je vais chercher Benjamin chez
lui, et en avant pour traverser la banlieue parisienne
jusqu'à Brie-Comte-Robert. Nous poursuivons ensuite
notre semi-traversée de la France, d'abord
par la Nationale 4 jusqu'à Vitry-le-François
(nous y mangeons notre pique-nique),
puis par de plus petites routes : Wassy, Poissons, Neufchâteau,
Mirecourt, Épinal, Gérardmer et son lac. Les
paysages changent, les villages aussi, nous croisons
de si jolis cours d'eau, et la forêt se fait plus
dense. Il fait beau, pas trop froid, et les arbres font
étal de leurs couleurs variées sous le
soleil ! La lente ascension
des Vosges, à la tombée de la nuit, à
cette époque de l'année, devant ces interminables
forêts qui s'obscurcissent peu à peu, est
jouissive ! Nous parvenons au col de la Schlucht (que
Benji m'apprend à prononcer correctement !),
à 1139 m,
puis redescendons de l'autre côté sur Colmar
! Il fait désormais très obscur, je roule
toujours devant mais Benji, dont le phare du scooter
est plus puissant que le mien, parvient à éclairer
loin devant moi ! Travail en équipe très
solide donc dans cette descente intensive, sur une route
sinueuse que nous ne connaissons pas, à grosse
circulation, et avec la fatigue cumulée de la
journée ! Que de souvenirs forts ! En
arrivant à Colmar, on fait le plein (par précaution,
demain c'est dimanche) et on trouve sans trop de difficultés
l'Auberge de Jeunesse où nous avons réservé
deux nuitées. Nous avons même une chambre
rien que pour nous ! Un
peu fatigués bien sûr, mais heureux au
possible de cette sacrée journée (surtout
Benji, qui « découvre » l'ambiance
de ces grands périples), nous allons nous taper
la cloche dans un bon restaurant, et cultivons notre
bonheur de l'instant présent dans de joyeux fous
rires ! Elle est pas belle
la vie ?
ENVIRONS
DE COLMAR, VOSGES (24
octobre,
142 km) 22
PHOTOS
C'est
ici que commence notre réel « tourisme
».
Après un petit déjeuner à
l'Auberge, nous repartons à l'assaut des collines.
Le soleil brille, et donne au vignoble alsacien toute
sa couleur ! C'est comme sur les cartes postales, avec
ce jaune, ce vert et ce marron clair ! Et l'air est
parfumé par tant de vignes ! Nous traversons
Kaysersberg puis grimpons doucement au col du Bonhomme (949 m), en essayant d'apprécier
la nature qui nous entoure. Certains arbres atteignent
de sacrées hauteurs ! Nous
passons ensuite par Fraize, le col de Mandray, et une
toute petite route pour atteindre Mandray, un village
où mon grand-père maternel avait vécu
dans son enfance. Ensuite nous repartons vers Saales,
où vivent les grands-parents de Benjamin. Cette
fois d'ailleurs, Benji, bouillonnant d'excitation, insiste
naturellement pour passer devant et prendre la direction
des opérations ! Nous gagnons donc Saales
et allons voir sa grand-mère à la maison
de repos. Elle est très contente de nous voir
! Puis nous arrivons à la ferme de son grand-père,
qui nous accueille chaleureusement ! On y retrouve également
un oncle de Benji, d'autres membres de la famille
arriveront un peu plus tard. L'ambiance est vraiment
très sympa ! Benji
et moi allons également nous promener à
pied dans la forêt aux abords de la ferme. C'est
si paisible et agréable ! Puis nous reprenons
nos machines pour trouver - non sans difficultés
- le Rocher des Enfants. Il s'agit en effet d'un gros
rocher, à 800 m d'altitude, d'où
l'on a un splendide panorama sur une bonne partie des
Vosges. C'est un peu un endroit mythique pour
Benji, qui s'y rend à chaque vacances, pour profiter
de la magie de ce lieu ! Nous y restons un bon moment,
simplement à contempler le paysage, avant de
revenir à la ferme. La
journée est passée vite, il est déjà
temps de rentrer, à la nuit tombante, sur Colmar.
La route, là encore, est assez intensive et fatigante,
mais nous refaisons appel à notre travail d'équipe
et tout se passe très bien. Nous en profitons
pour passer à proximité du château
du Haut-Koenigsbourg, que l'on aperçoit illuminé.
À Colmar, bonne douche, et bonne pizzeria !
COLMAR
- LÖRRACH (25
octobre,
112 km) 39
PHOTOS
Jour
historisque en quelque sorte : nous quittons la France pour
l'Allemagne ! La journée commence
d'ailleurs par une petite
anecdote
sympa à
une station service. Nous filons donc encore plus à
l'est et traversons la Plaine d'Alsace, parsemée de quelques bosquets. On traverse
la curieuse ville de Neuf-Brisach, ancienne place forte
construite par Vauban, formant un octogone régulier ceint de remparts en étoiles.
Nous touchons finalement le panneau « BUNDES REPUBLIK
DEUTSCHLAND » au-dessus du Rhin et n'hésitons pas
à prendre de nombreuses photos ! La joie et la
fierté sont bien sûr
au rendez-vous ! Peu
après, et pour
la première fois depuis deux jours, le ciel s'obscurcit.
La pluie commence alors à tomber et s'intensifie au
fil des kilomètres. Nous progressons vers Freiburg
par les petits villages pour éviter la quatre-voies.
En y arrivant, on erre dans cette circulation
qui nous est un peu étrangère, jusqu'à
nous garer devant l'opéra, trempés, refroidis,
mais contents ! On
va se promener en centre-ville, on va voir la cathédrale
(notamment pour s'abriter) et plus tard on montera même à
son sommet par un escalier en colimaçon vraiment
pas large, donc très amusant ! De là-haut, on dominera
la ville à une hauteur presque vertigineuse !
On grignote un peu, à l'abri, pendant que nos engins eux se font
bien tremper ! On se paye de bons fous rires ! Dès
que ça se calme, on va à nouveau se balader
dans les petites rues. Goûter à McDonald's,
ça nous réchauffe. Nous
reprenons la
route vers le sud. La pluie se calme alors, ce qui nous permet d'apprécier pleinement
le piémont de la Forêt Noire, et même
de nous aventurer un peu sur les versants. Petites routes
où nous sommes presque seuls, virages un peu
glissants avec les feuilles mortes, mais nous y allons
cool. Villages ravissants, nuages blancs
qui effleurent les collines verdoyantes entre deux éclaircies,
beaucoup de vert foncé et bien d'autres couleurs
encore, un arc-en-ciel, c'est le bonheur ! La
pluie revient tandis que nous gagnons Lörrach, tout
près des frontières suisse et française.
Je sais déjà que les Auberges de Jeunesse
du coin sont complètes ; nous cherchons donc un petit hôtel
et en trouvons un assez vite. Fatigue délicieuse,
comme chaque soir ; nous savourons un repas exquis dans
un bien beau restaurant
(pour Benji, le
meilleur de sa vie !).
LÖRRACH
- BELFORT PEUGEOT-MOTOCYCLES NOUS ACCUEILLE ! (26
octobre,
119 km) 5
PHOTOS
La
pluie n'a pas cessé de tomber pendant toute la nuit,
et elle ne cessera pas plus dans
la journée ! Froide, soutenue,
et d'une régularité déprimante
car broyant tout espoir d'amélioration. Les machines
ont dormi sous cette flotte, mais démarrent
sans problèmes. À la sortie de la ville, c'est déjà la frontière
suisse. Peu à peu, nous gagnons le centre de
Bâle. Mais dans
cette ville inconnue, avec tous les dangers que cela
comporte pour nous, et surtout cette pluie, hors
de question de regarder ma planche de support de cartes
pour nous orienter. Une seule solution,
idéale : activer le GPS sur le guidon, et suivre
l'ouest au fil des rues ! Nous
rentrons donc au pays, et devons encore parcourir 80
km sous la pluie et dans le froid avant d'atteindre
Mandeure ! Ce sont certainement, pour chacun de nous,
les kilomètres les plus pénibles de notre
vie
! C'est donc trempés jusqu'aux os, frigorifiés,
et fatigués, que nous débarquons au siège
social de Peugeot-Motocycles ! Nous
sommes très chaleureusement
accueillis par le personnel, en particulier Noëlle
Vannelli et Christophe Chaptal, que nous remercions encore.
Nous sommes invités au restaurant (Benji bat
encore son record du meilleur repas de sa vie, et moi
aussi je crois bien !), puis nous avons le privilège
de visiter les ateliers de fabrication des deux-roues,
en particulier les lignes de montage ! C'est spectaculaire,
et je me dis bien sûr avec un peu d'émotion
que c'est entre ces murs que ma Ginette est née
! Nous revenons au
siège social et discutons avec nombre d'employés.
Nous rencontrons Jacques Euvrard, vraiment
adorable, qui a été mon principal correspondant
jusqu'ici. Noëlle Vannelli me pose quelques questions
pour leur journal interne. Très enthousiaste,
j'évoque même d'autres pays d'Europe pour
de futurs périples : l'Écosse ? Berlin ? l'Espagne
? l'Italie ? la Russie ? En
fin d'après-midi, Benji et moi quittons
cette équipe avec laquelle nous avons donc passé
d'excellents moments. Nous avons
une chambre réservée à l'Auberge
de Jeunesse de Belfort, la pluie est pareille à
ce matin, nous n'avons pas fini de sécher
que nous devons nous tremper à nouveau ! Obscurité
et grosse circulation s'invitent à la fête, nous mettons du
temps pour trouver l'Auberge. De plus, un court-circuit
dans l'alarme du scooter de Benji la fait se déclencher,
et nous ne pouvons plus l'arrêter ! Le scooter,
lui, peut rouler normalement, même après
que Benji l'ait malencontreusement fait tomber, à
l'arrêt. Cette alarme hurle littéralement,
et avec un employé de l'Auberge nous essayons
de la faire taire, en vain. Espérons que personne
ne viendra se plaindre, et que la batterie sera encore
suffisamment forte pour démarrer demain matin... Exténués
par une journée aussi riche, nous nous empressons
d'aller nous rassasier à un paisible restaurant
!
Ci-contre,
l'article paru quelques temps après dans
le journal interne de Peugeot-Motocycles.
Légende
des trois petites photos de l'article :
|
à gauche :
|
Chambord, le 9 mars 2003
|
au centre :
|
Ajaccio, le
6 septembre 2004
|
à droite :
|
le siège de Peugeot- Motocycles,
à Mandeure, près de Montbéliard,
le 26 octobre 2004
|
|
|

|
BELFORT
- LONGPONT-SUR-ORGE (27
octobre,
418 km)
Nous
qui craignions que la batterie du scooter soit à
plat ce matin, quelle surprise (plus ou moins agréable)
ce matin d'entendre le scooter gueuler
toujours aussi fort ! Il démarrera d'ailleurs
sans problèmes, mais impossible
toujours de couper cette fichue alarme (qui
a été installée
par l'ancien propriétaire du scooter) puisque
nous n'avons pas les outils. Nous
partons à 7h, nous nous arrêtons peu après pour faire le plein, et en repartant le scooter
ne veut pas démarrer cette fois. Il finira par
se mettre en route après de nombreux essais.
Ouf, les émotions sont bien matinales ! Nous prenons la route,
la N.19. Il ne fait pas encore jour, la pluie s'est ENFIN arrêtée, mais il ne
fait pas chaud. Et cette alarme qui nous irrite... Juste avant Vesoul,
j'appelle Peugeot-Motocycles pour obtenir
l'adresse de leur concessionnaire sur place. Nous nous
y rendons : c'est en déménagement, il
y a l'enseigne mais rien d'autre ! Grosse déception
donc. « Nous réessayerons à Langres,
dans 75 km ! » En quittant Vesoul cependant, nous
nous arrêtons à une station pour faire le plein. J'explique
à la gérante notre problème,
alors elle m'indique un autre magasin de cycles
et motos tout proche. Nous y allons, et une sympathique
équipe de mécaniciens nous reçoit.
Munis des bons outils, ils nous retirent cette alarme
en deux secondes ! Quel soulagement !!! Commence
alors enfin un trajet paisible, mais bien sûr
très long. Les journées précédentes
n'ont pas été de tout repos, et nous sommes
pressés de rentrer nous reposer ! 50 km avant
Troyes, nous faisons une pause pipi.
Je mets la mob sur sa béquille, Benji s'arrête
à côté, mais en descendant de son
scooter, il tombe avec l'engin, et entraîne aussi
Ginette dans la chute ! Outre la fourche tordue,
que je remets droite, un ressort du pot est parti, nous
ne le retrouvons pas, et le pot butte contre le pneu
! Je mets 45 mn à arranger les choses tant bien
que mal avec les outils que j'ai. À 200 km de
Longpont, alors que les espoirs s'amenuisaient, nous
repartons donc, la rage de vaincre au ventre, et plus
rien ne perturbera notre route jusqu'à
chez nous ! J'arrive
chez moi à 19h15, de nuit, assez fatigué
par un tel voyage et par une telle journée, mais
toujours aussi heureux devant l'accomplissement, le
rêve réalisé, le défi relevé,
la joie de rentrer parmi les siens et de leur raconter
ces aventures !
|