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15
- 17 avril (3
j.)
|
T O U
R A I N E
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649
km
|
2
NUITS
: Fontevraud-l'Abbaye (bivouac) - Souvigny-de-Touraine
(bivouac)
|
INTRODUCTION
Jef adore les voyages, et il les vit
avec l'enthousiasme et la curiosité d'un grand
enfant. Après nous être « rencontrés
»
autour de cette passion commune grâce à
nos sites Internet respectifs, et après avoir
correspondu régulièrement pendant plusieurs
mois, nous avons planifié une « rencontre
au sommet », pour le plaisir bien sûr, et
pour le travail aussi ! En effet, il ne restait alors,
à chacun de nous, qu'une petite poignée
de semaines avant de nous lancer dans nos prochains
grands voyages : pour lui la Norvège
(avec un scooter Piaggio 125), et pour
moi l'Écosse ! Avec
ce voyage en
Écosse, je souhaite d'ailleurs mettre à
exécution une innovation de grande importance
par rapport à mes précédents périples
: je ne veux plus passer toutes les nuits
dans des auberges de jeunesse ou des hôtels, mais
suis au contraire à la recherche de nouvelles expériences, de
plus d'aventure, de moins
de facilité, et de voyages toujours moins chers
; ainsi je compte passer environ
2 nuits sur 3 en faisant du camping sauvage. Jef, lui,
avait jusqu'ici l'habitude de monter sa tente, mais
dans des campings, et il envisage également de
s'aventurer
à bivouaquer en Scandinavie ; mais avant de partir
pour ce périple nordique, il est surtout désireux
de vérifier la capacité de son scooter
à supporter un lourd chargement ! Par conséquent, nous souhaitions
profiter de ce week-end de Pâques pour mener quelques
tests pratiques et ainsi juger des points positifs comme
de ce qui était encore à améliorer
dans notre organisation. Comme
vous pourrez le voir sur les photos, Jef transporte
sur son scooter la moitié de sa maison ! De mon
côté, après avoir passé l'hiver
à me fournir, peu à peu, en matériel
de randonnée (une tente, un duvet, un tapis de
sol, et surtout un nouveau sac à dos de 80 litres),
j'ai pris beaucoup de plaisir à me confronter
enfin à la réalité ! Ginette,
elle, a appris ce que signifiait l'expression «
porter
un lourd fardeau » !
LONGPONT-SUR-ORGE
- FONTEVRAUD-L'ABBAYE (15
avril,
287 km) 9
PHOTOS
Pour
une fois, je pars pour un assez long
périple sans avoir au préalable amené
Ginette chez le garagiste pour des vérifications
de base. Comme si d'aller en Touraine, c'était
comme d'aller à la boulangerie le dimanche matin
! Après une
matinée intensive, en revanche, pour préparer
mon chargement et remplir correctement le fameux sac
à dos géant, je pars donc
sous les yeux écarquillés de mon père,
qui semble se demander de quelle planète vient
son fils ! Ginette fait 60 kg, moi 66 et le sac
18. Une fois que ce dernier est bien
installé sur le dos, il s'avère tout à fait supportable.
Par contre, contrairement à ce que je souhaitais,
il ne repose pas sur l'arrière de la selle pour
soulager mon dos (il manque quelques cm). Après 30 km, naturellement,
ça devient douloureux, alors
je fixe sur la selle, sous le sac, avec des tendeurs,
mon tapis de sol de camping (roulé en boule).
Ainsi mon sac peut reposer en partie dessus, c'est mieux ! Quelques épisodes pluvieux,
d'une trentaine de minutes chacun, viendront régulièrement
ponctuer - et non perturber - notre trajet. Il suffit de se couvrir un peu
et de se convaincre que la pluie est notre amie, et
on la supporte bien plus sereinement ! En
outre, je constate
qu'à
cause du poids du sac, notre consommation augmente sensiblement,
et d'autant plus que nous devons laborieusement,
dans la Beauce, percer un vent de face et valser avec
un vent de côté. Du coup,
craignant de ne pas avoir emporté suffisamment
d'huile pour l'ensemble du périple, et considérant
que tout sera fermé demain dimanche
et après-demain, lundi de Pâques, je m'arrêterai
en fin de journée dans un hypermarché
pour acheter un bidon. C'est lui que je fixerai ensuite à l'arrière
de la selle pour qu'il supporte le poids du sac à
dos. Les kilomètres
défilent donc. Après Bonneval, Ginette
et moi nous aventurons sur des routes inconnues, et traversons
donc des villages nouveaux pour nous. Je suis frappé par le
caractère spectaculaire de la tour penchée du château médiéval
de Mondoubleau ! Nous longeons la vallée de
la Braye, puis celle du Loir, avant d'approcher
réellement du Val de Loire, où le ciel
s'éclaircit un peu. Le
trajet sera marqué par un autre « événement
»
: les parents de ma petite amie m'ont offert récemment
un lecteur mp3 portatif.
Je le place dans la poche intérieure de mon manteau,
et les écouteurs sous le casque : rien de tel
pour que le voyage se déroule dans des conditions
idéales ! J'apprécie énormément
cette « motoradio
», qui me permet
d'écouter mes chansons favorites
pendant que je conduis. Évidemment, on
est vite tenté de chanter à tue-tête
dans le casque ! Bref, c'est absolument génial
!
Peu avant 20h,
avec pas mal de retard à cause du vent de face,
j'arrive au lieu de rendez-vous fixé avec Jef
: le village de Montsoreau, à la confleunce de
la Vienne et de la Loire. Il m'y attend donc, nous nous
rencontrons et nous saluons avec plaisir, depuis le
temps qu'on se raconte nos vies par e-mails ! Je fais
aussi la connaissance de son scooter, un Piaggio X9
de 125 cm3, surnommé Jolly Jumper, JJ pour les
intimes, et chargé comme un baudet et même
pire encore ! C'est littéralement impressionnant
! Priorité :
trouver rapidement un endroit pour bivouaquer car la nuit tombe. Nous
nous éloignons alors un peu des bords de la Vienne
pour nous enfoncer dans la forêt de Fontevraud
(près d'un terrain militaire). Nous trouvons
un chemin qui s'enfonce dans la verdure, nous nous y
engageons, et ça nous semble impeccable. Tels
deux grands gamins, nous montons donc nos « cabanes
»
en toile, et grignotons ce que nous avons apporté
(Jef m'avait en effet suggéré que nous
fassions aussi un test d'autonomie en nourriture, pour
ces trois jours). J'inaugure réellement mon matériel
de couchage, et tout va bien, c'est super ! Bonne nuit
!
JOURNÉE
EN TOURAINE (16 avril, 159 km) Matin
: 44
PHOTOS
Midi
: 12
PHOTOS
Après-midi
: 21
PHOTOS
Nous
nous réveillons avec les chants des oiseaux,
peu après 7h. La nuit a été bonne,
cette petite forêt était vraiment paisible
! Le jour se lève, avec quelques tâches
bleues dans le ciel qui nous rendent optimistes quant
au temps. Nous prenons notre petit déjeuner,
et démontons notre « camp de base
».
Comme ni l'un ni l'autre n'a encore vraiment l'habitude
de ces déménagements, nous y passons un
certain temps, surtout Jef avec toutes ses affaires
! C'est justement cela le but de ce week-end test :
acquérir des habitudes, des automatismes, des
réflexes, des astuces, pour nos futurs voyages. Nous
prenons enfin le départ peu après 9h.
Nous nous extirpons de notre cachette - et ce n'est
pas facile pour Jef car son embarcation est difficilement
maniable hors des sentiers battus - et revenons à
Montsoreau. Je savais que mon cher ami était
un inconditionnel de la photo, et qu'il allait s'arrêter
tous les 500 mètres pour mitrailler, ce qu'il
n'a pas manqué de faire ! Il a eu peur que cela
m'ennuie, mais point du tout ! Au contraire, c'est toujours
un plaisir de lire ses comptes rendus très imagés
sur son site. Montsoreau
et Candes-Saint-Martin, le village voisin, font tous
deux partie de l'association regroupant « les
plus beaux villages de France
».
Et de fait, ils ont un charme bien à eux, avec
un habitat fort bien entretenu et mis en valeur. L'église
de Candes nous fait d'ailleurs une forte impression.
Puis nous traversons la Vienne, et parcourons la campagne
via Avoine et Huismes, avant d'arriver devant le château
d'Ussé, au bord de l'Indre, autre affluent important
de la Loire. Jef adore les arbres, et nous avons tous
les deux un faible pour les saules pleureurs qui bordent
la rivière. Nous poursuivons en remontant l'Indre,
vers Azay-le-Rideau, puis Pont-de-Ruan, où nous
faisons une halte pique-nique extrêmement agréable,
au bord de l'eau, sous un soleil généreux.
Franchissant
le cours d'eau, nous revenons par l'autre rive vers
Azay-le-Rideau, d'où nous bifurquons vers Villandry,
au bord du Cher, autre affluent important, encore, de
la Loire dans cette région. Peu avant d'y arriver,
Ginette émet à trois reprises un bruit
brutal, assez inquiétant. Je pense que c'est
la chaîne, trop détendue, qui commence
à sauter. Je la retends donc avec les outils
que j'avais emportés, et effectivement, cela
règlera le problème. À
Savonnières, tout près de Villandry, nous
visitons les Grottes Pétrifiantes, où
l'on peut admirer de belles stalactites, stalagmites,
et de chouettes draperies de calcaire. La visite se
termine même par une dégustation d'un Cabernet
d'Anjou ! Enfin, nous
traversons Tours sans nous y attarder et poussons jusqu'à
Amboise (voir
anecdote).
De là, nous cherchons un endroit pour bivouaquer.
Nous nous éloignons alors du bourg et du fleuve,
misant sur un petit bois près de Souvigny-de-Touraine,
repéré sur la carte.
Une fois sur place, nous inspectons un à un les
sentiers s'enfonçant dans la forêt, et
après hésitations, nous trouvons notre
bonheur, même s'il faut nous engager avec nos
pauvres machines sur des chemins de terre peu entretenus
pour atteindre l'emplacement idéal ! On
monte les tentes, on donne des nouvelles à nos
familles respectives, on apprécie le calme de
l'endroit, on prend des photos, on discute, on grignote...
Il faut savoir aussi (disons-le...) que Jef avait emporté
une bouteille de vin rouge, mais que par manque de verre,
nous avons dû la boire au goulot ! Souvenirs mémorables... Dernier
moment fort de la journée : même en dormant
dans un duvet, dans une tente, dans une forêt,
cela ne m'empêchera pas de me coucher en
écoutant de la musique, grâce à
mon lecteur mp3 ! Trop bien !
SOUVIGNY-DE-TOURAINE
- LONGPONT-SUR-ORGE (17
avril, 203 km) 2
PHOTOS
Une
fois de plus, la nuit se passe très bien. Nous
nous levons à 7h45 et remballons le matériel,
en essayant naturellement de gagner en efficacité
par rapport à la veille. J'estime à ce
moment qu'à l'avenir, entre mon réveil
et mon départ, il s'écoulera quarante-cinq minutes
en moyenne (pour se réveiller, se lever, tout
ranger, prendre le petit déjeuner, faire un brin
de toilette, faire chauffer la mob). Je pense que ce
« quarante-cinq minutes
» deviendra une valeur de référence. Aujourd'hui,
c'est le retour, donc lorsque Jef et moi démarrons
et regagnons, vaille que vaille, la route bitumée,
chacun va rentrer chez soi, en partant de son côté
: lui à gauche, moi à droite. Nous nous
disons longuement au revoir, chacun remerciant moultes
fois l'autre pour ce très beau et sympathique
week-end, qui était une idée de Jef à
l'origine.
En route,
donc, pour 6 heures de trajet, essentiellement à
travers la Beauce. Comme hier, c'est grâce à
une pompe « 24h/24
» (où l'on règle
en carte bleue) que je peux faire le plein, la quasi-totalité
des stations étant fermées en ce week-end
de Pâques. Ginette
et moi empruntons vraiment de toutes petites routes
(sur lesquelles, de toutes façons, nous roulons
à la même vitesse que sur les grandes),
pour couper au plus court. Le GPS m'indique d'ailleurs
la direction de la maison, et bien souvent c'est droit
devant ! Comme avant-hier, je décide d'agrémenter
cette étape en écoutant de la musique
tout en conduisant, grâce à mon lecteur
mp3, et j'y éprouve beaucoup de plaisir. J'écoute
notamment de la musique celte, et ça rend très
bien ! Autre curiosités
de la journée : les éoliennes, qui prolifèrent
dans la Beauce depuis quelques mois. Personnellement,
elles me fascinent ! Surtout que ce sont les gros modèles
: elles mesurent plus de 100 mètres de hauteur
! Dernier fait marquant
: le fait de laisser le sac à dos reposer sur
le bidon d'huile, tenu par des tendeurs à l'arrière
de Ginette, a effectivement constitué un progrès
considérable par rapport aux tout premiers kilomètres
d'avant-hier. Toutefois, après 3 jours comme
ça, et aujourd'hui après 100 ou 150 kilomètres,
ça devient quand même difficile par certains
moments ; pour le dos, d'une part, mais ça finit
surtout par être éprouvant pour les bras
! Il va sûrement me falloir un temps d'adaptation
au moment de partir en Écosse, à moins que je
ne réfléchisse d'ici-là à
un autre dispositif...
Ginette
a encore roulé de façon admirable, bluffante
! Quant à ce week-end, on peut dire que les tests
ont été très concluants, et qu'ils
nous ont appris, à Jef et à moi, beaucoup
de choses utiles. Maintenant, y a plus qu'à...
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de page
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20
- 22 mai (3
j.)
|
L
O N D R E S (échec
du voyage en Écosse)
|
909
km
|
2
NUITS
: Douvres (bivouac) - Douvres
(AJ)
|
INTRODUCTION
& participation de la FUAJ
Dans
la continuité logique du voyage en Corse, l'Écosse
devait donc constituer le nouveau grand voyage au cours
duquel nous repousserions nos limites ! Cette
« Scotland
» m'attirait tant ! Je souhaitais
voir Édimbourg, le Loch Ness évidemment, grimper
et errer dans les Highlands,
me laisser surprendre par les châteaux, savourer
les senteurs du littoral, prendre quelques bateaux, longer
les côtes des terres les plus septentrionales,
tout là-haut, parcourir la côte ouest extrêmement
découpée - et certainement riche en paysages
somptueux -, les îles de Skye et d'Arran, et découvrir
mille autres curiosités encore ! L'objectif était donc
double : faire le tour de l'Écosse et l'explorer en
profondeur. Ce n'est pas nécessairement
contradictoire, et pour le vérifier je vous invite
à jeter un oeil à l'itinéraire
prévu (carte et tableau).
Il
s'agissait à l'aller de rejoindre le plus
directement possible cette terre
de légendes (3 journées de 300 km chacune)
et, à la fin, d'en revenir tout aussi directement.
Entre les deux, cette grande boucle avec quantités de tours et détours,
débutant sur le Mur d'Hadrien : 2200 km prévus
en 14 jours, soit des étapes journalières
moyennes de 157 km. Au
total, un projet de 4000 km à réaliser
en 20 jours (pour mémoire, le voyage en Corse
avait couvert 3000 km en 16 jours) ! Le départ
était fixé le matin du 20 mai, et le retour
à la maison était prévu pour le
8 juin, ce qui n'avait pas été décidé
au hasard. En effet, le 8 juin, Ginette allait fêter son 10e anniversaire,
mon frère l'ayant achetée le 8 juin 1996.
Quoi de plus beau, donc, si cet anniversaire important
et l'accomplissement de ce grand projet pouvaient coïncider
? Comme
pour la Corse et Neukirchen, je conçois et confectionne
un panneau arrière dévoilant
les grandes lignes du projet.
Par ailleurs,
au-delà des difficultés supplémentaires
« classiques
» induites par ce nouveau défi
(plus grand, plus long), je voulais profiter de ce voyage
pour mettre à
exécution une innovation de taille
: camper dans la nature environ 2 nuits sur 3, et dormir
en Auberges de Jeunesse les autres nuits. J'étais
en effet à la recherche de plus
d'aventure, de nouvelles expériences, de moins
de facilités, et de voyages à moindre coût.
En
cliquant ici, vous
trouverez le compte rendu complet de
la préparation, parfois semée d'embûches,
du « MA-NE-GE », nom de code donné
à ce projet grâce aux initiales de «
Moral
en Apesanteur, Nuits en Extérieur, Ginette en
Écosse » !
Je
formulai pour ce voyage en Écosse plusieurs demandes
de sponsoring, à divers organismes et entreprises,
et le seul d'entre eux m'ayant permis de cultiver un
espoir, dans un premier temps, fut la FUAJ
(Fédération Unie des Auberges de Jeunesse).
En effet, la chargée de projet de la Fédération
était intéressée par mon aventure,
et ses propos me sont apparus plutôt encourageants
! Quelques semaines
plus tard, leur accord pour soutenir
un peu cette épopée cyclomotorisée
devint officiel ! Génial ! Il s'agissait d'un petit
soutien financier, mais au-delà de la question
matérielle, ce coup de pouce dopait mon enthousiasme
et ma motivation ! En
effet, constater que les défis que je me lançais
avec cette petite machine peuvent
susciter un tel intérêt me faisait chaud au
coeur (je pense aussi à Neukirchen, l'an dernier),
surtout lorsque je me souviens de mes toutes premières
balades, entre 2000 et 2002, réalisées
parfois dans le dos de mes parents...

LONGPONT-SUR-ORGE
- DOUVRES (20
mai,
330 km) 11
PHOTOS
Ces
derniers jours ont été éprouvants.
Il y a eu l'histoire de l'immatriculation (il semble
qu'il faille faire immatriculer son cyclomoteur si l'on
souhaite circuler sur le territoire britannique ; j'ai
appris cela il y a 6 jours seulement, ce qui ne m'a
pas laissé le temps d'effectuer les démarches
nécessaires), les examens à l'université,
l'appréhension naturelle du voyage, les difficultés
pour trouver des pièces pour Ginette, sans parler
des prévisions très pessimistes de la
météo. J'ai voulu abattre un maximum de
travail en un minimum de temps, donc j'ai raccourci
mes nuits. À certains moments, faire face à toute
cette ambiance n'a pas été facile moralement,
heureusement que ma petite amie Lucie était
là pour me soutenir. Ce
samedi matin, il pleut comme prévu. Cependant,
l'excitation du départ est bien là, et
cette fois je me sens en forme dans mon corps comme
dans ma tête. À 8 heures, je sors la petite machine
du garage, et ô surprise : mon ami Christian est
gentiment venu pour assister au départ ! Ma mère
n'est pas très rassurée de me voir ainsi
partir sous la pluie. Moi-même, j'ai du mal à
prendre conscience de l'ampleur de ce projet dans lequel
je me lance. Allez, derniers bisous, derniers sourires,
derniers échanges de regards, c'est parti !
Ginette
et moi commençons par traverser l'agglomération
parisienne - y compris la capitale - du sud au nord,
et peu à peu la pluie disparaît pour laisser
même la place au soleil, ce qui fait littéralement
fleurir ma motivation et mes espoirs ! Mais bien vite,
la pluie se remet à tomber. J'essaye de ne pas
y faire attention, d'ailleurs je suis bien couvert donc
je reste à peu près au sec. Malgré
ce lourd sac à dos, la conduite est plutôt
agréable : Viarmes, Bresles, Froissy. De belles
éclaircies alternent en permanence avec de bonnes
averses, je me dis que ce sera pareil en Écosse, et
que ça rendra les paysages d'autant plus spectaculaires
! Petit à petit, le vent se manifeste à
son tour. Il soufflait déjà un peu à
Paris, mais lorsque nous arrivons en Picardie il se
renforce, et d'ailleurs rien n'arrête son élan
à la surface de ces champs interminables. Cela devient
difficile de rouler droit, il faut être très
vigilant avec les voitures qui doublent.
Des rafales inattendues me donnent d'ailleurs quelques
frayeurs. Nous poursuivons
notre chemin vaille que vaille : Amiens, Doullens, Frévent.
Le poids de notre embarcation et le vent nous empêchent
d'avancer bien vite. Malgré ma selle rembourrée,
j'ai un peu mal aux fesses. À Saint-Pol-sur-Ternoise,
j'achète à grignoter dans une boulangerie,
et je déguste ce ravitaillement maigre mais succulent
! Nous rejoignons ensuite Saint-Omer, et les derniers
kilomètres avant d'atteindre le port de Loon
(Dunkerque) sont longs et difficiles, avec de la pluie
et des rafales de vent. L'esprit
toujours hanté de points d'interrogation à
cause de l'histoire d'immatriculation, je me répète
intérieurement les grandes lignes de ce que je
prévois de dire, en français ou en anglais,
pour essayer d'être persuasif si le problème
se pose effectivement. Je lève même un
peu la visière de mon casque en roulant pour
avoir de l'eau de pluie sur le visage et ainsi apparaître
éprouvé par l'étape de la journée,
me disant qu'un douanier pourrait alors avoir pitié
de moi ! Mais l'alerte
aura été fausse ! Je passe les contrôles
sans aucun problème, et je sympathise d'ailleurs
avec le jeune homme dans sa guérite, qui est
impressionné par le fait que je vienne de Paris,
et encore plus par le fait que j'aille en Écosse ! Après
toutes les inquiétudes que j'avais eues à
cause de cette affaire, je suis à deux doigts
de pleurer de joie lorsque je vais me placer dans la
file de voiture pour attendre d'embarquer !
Le
vent souffle toujours très fort : lorsque Ginette
est sur sa béquille, il parvient à la
relever, même après que j'aie posé
par terre et contre elle mon sac de 20 kg pour essayer
de l'en empêcher ! Je suis donc contraint de rester
près d'elle pour parer toute chute, je ne peux
pas aller me mettre au chaud à la boutique d'à
côté. Et comme le ferry a énormément
de retard, je reste deux heures dans le froid à
protéger ainsi ma petite lionne Peugeot. Je discute
un peu avec un motard anglais qui revient d'Italie,
je lui demande si le vent souffle souvent aussi fort
en Écosse, il me répond « oh yes
» avec
un regard voulant dire « c'est évident, quelle
question !! ». Nous
embarquons finalement à 21h. Cette sensation
de monter avec le cyclo à bord d'un gros navire
est toujours aussi géniale, cela me rappelle
le départ pour la Corse ! Le type qui doit attacher
avec des lanières les motos pour ne pas qu'elles
bougent pendant la traversée serre tellement
fort la pauvre Ginette que la béquille commence
à plier ! Pourvu qu'elle ne casse pas ! Je monte
à un pont « habité
» du bateau
et me pose sur un fauteuil. Je ne pourrais d'ailleurs
pas marcher bien longtemps avec un sac aussi lourd.
Je profite de pouvoir enfin me reposer, et je m'endors
même. Lorsque
je me réveille, je suis encore un peu fatigué.
Nous approchons des côtes anglaises. La traversée
a duré deux heures, mais il y a une heure de
décalage. Ginette n'a pas la patte cassée
lorsque je descends la retrouver. Je savoure profondément
l'instant où nous descendons du bateau jusqu'à
poser les roues sur le territoire britannique ! Nous
voilà donc à Douvres ! Il fait nuit mais
le port est inondé de lumières orangées,
qui permettent d'ailleurs de distinguer les célèbres
falaises de calcaire. Voici le sud de la Grande-Bretagne,
il nous faut à présent remonter toute
l'île jusqu'à son extrémité
nord ! Je sors de la
zone portuaire au pas, parmi toutes les voitures. Je
peux enfin faire les premiers vrais tests de mon rétroviseur
droit, et tout semble bien aller ! À un poste de contrôle,
un douanier me fait signe de m'arrêter. Encore
l'histoire de l'immatriculation ? Non, il me demande
simplement d'où je viens, je lui dis de Paris,
il me fait signe de passer en rigolant, puis interpelle
son collègue qui se marre à son tour en
me voyant.
Ce n'est
pas tout ça, il faut trouver un endroit pour
dormir. Puisqu'il y avait tant de vent à Dunkerque,
je prévois de ne pas bivouaquer finalement, et
d'aller dormir à l'Auberge de Jeunesse de Douvres.
Nous rejoignons donc le centre ville. C'est samedi soir,
on voit dans la rue des filles habillées comme
des Spice Girls et des mecs qui titubent et parlent
fort. Je cherche l'AJ, je sais qu'elle est à
London Road, mais je n'ai pas de plan de ville, et impossible
d'en trouver dans les rues, même pas aux arrêts
de bus. Finalement, après avoir tourné
et viré, je trouve la rue, et à cette
heure-ci évidemment (plus de 23h, heure locale),
l'AJ est fermée. J'appelle
ma mère : elle s'inquiète davantage encore
à l'idée que je ne sache pas où
dormir. Je repars donc au hasard des rues, à
la recherche d'un hôtel ou d'un Bed&Breakfast,
mais ne trouve rien. Je m'aperçois que, bizarrement,
il n'y a quasiment pas de vent ici, et finalement je
sors de la ville en direction de l'ouest par une toute
petite route qui s'enfonce dans la campagne. À
un moment,
la montée est rude, je dois aider avec les jambes
car la pauvre Ginette lutte ! Je n'ai pas beaucoup d'espoir
de trouver un bon endroit pour bivouaquer, et pourtant
à un moment un petit espace plan me tend les
bras, au bord de cette route. Je fais une reconnaissance
du terrain avec ma lampe dynamo : il y a des herbes
assez hautes, mais ça a l'air d'aller. J'appelle
ma mère, elle n'est pas très enthousiaste
mais je lui affirme que le bivouac serait sans problème
ici. Lentement mais
sûrement, je monte donc ma tente, et y éprouve
un immense plaisir, une profonde satisfaction ! Je m'apprête
à me coucher lorsqu'une voiture vient, et après
être passée à ma hauteur elle freine...
mais finalement non, elle s'en va. Je finis par me blottir
dans mon duvet, je suis crevé, et j'essaye de
ne plus penser à rien pour m'endormir paisiblement
après cette rude journée.
DOUVRES
- LONDRES - DOUVRES (21
mai, 265 km) 21
PHOTOS
Je
dors d'une traite. J'ai vaguement entendu deux ou trois
voitures passer pendant la nuit, mais aucune ne s'est
arrêtée pour me dire quoi que ce soit.
Une légère brise fait bouger un peu les
parois de la tente, mais cela n'a rien de comparable
aux rafales subies sur le port de Dunkerque. Avec l'heure
de décalage, le jour se lève tôt,
et j'essaye d'en faire autant car une nouvelle grosse
journée de route nous attend (300 km). Il fait
frais, et le ciel est couvert, mais il ne pleut pas. Je
suis inquiet : hier sur le bateau j'aurais dû
changer mes euros et acheter à manger et à
boire, au lieu de rester avachi sur mon fauteuil. J'étais
fatigué, mais il aurait fallu que je me secoue
un peu plus. En effet, à présent j'ai
faim et très soif, mais nous sommes dimanche
matin, tout risque d'être fermé, et en
plus je n'ai pas la monnaie locale ! Bravo Julien, là
tu n'assures pas. J'avale
quand même un pain au chocolat, acheté
hier à la boulangerie de Saint-Pol et gardé
par précaution. Je plie la tente et range toutes
mes affaires dans le sac. Ginette démarre sans
problèmes. 2e journée du voyage,
go !
Nous poursuivons
cette petite route vers l'ouest, jusqu'à Folkestone,
où j'espère trouver des commerces, mais
bien sûr les rues sont désertes. Je fais
plusieurs fois le tour du centre ville à la recherche
d'un distributeur de billets, en vain. Les rues montent
(ce qui fait peiner un peu Ginette) et descendent (ce
qui fatigue ses freins ; je vous rappelle que mes mâchoires
de frein arrière sont usées, je n'ai pas
réussi à les changer avant de partir).
Finalement, après 10 bonnes minutes à
errer ainsi dans la ville, je décide d'en sortir
et d'aller voir plus loin. Et c'est comme cela que je
vais tomber sur une supérette Tesco, ouverte,
et avec un distributeur de billets ! Un mirage ? Non
non. Super ! Mon moral remonte ! Je
retire donc de l'argent et achète à boire
: un pack de 6 petites bouteilles d'Évian. Cela me donne
des réserves pour quelques temps, mais le sac
va encore gagner des kilos ! Tant pis. Un homme se promenant
en vélo est interpellé par mon embarcation,
il s'approche du panneau arrière pour le lire,
lève la tête, sourit, et me lance : « I
like it ! ». Cette
fois, c'est bel et bien parti ! Il ne faut pas traîner.
Nous continuons à longer un peu la côte
(Hythe) avant de rentrer dans l'intérieur des
terres. Au revoir la mer, on te revoit à Édimbourg
! Nous empruntons une route qui longe l'autoroute M20
: Sellindge, Ashford, Lenham, Maidstone. Nous passons
près de jolies prairies anglaises bien vertes.
Dans les grandes villes, comme Ashford et Maidstone,
j'ai un peu de mal à trouver la bonne route.
Il faut dire que l'échelle de ma carte n'est
pas géniale (1/400.000ème), que les panneaux
ne sont pas très fournis, et qu'il y a beaucoup
de rues à sens unique.
Il
ne pleut toujours pas. West Malling, Wrotham, West Kingsdown.
Je fais une pause car ma béquille a tendance
à descendre toute seule avec les vibrations.
Je sors mes outils et la resserre, mais je m'aperçois
que la chaîne de Ginette est déjà
assez détendue. Cela m'inquiète, car en
Corse je n'avais pas eu à y toucher pendant les
3000 km du voyage ! Serions-nous trop chargés,
ce qui la fatiguerait plus vite ? Je la retends tant
bien que mal, car je ne suis pas non plus un expert, et on repart. Je
commence alors à me poser beaucoup de questions.
Au rythme où la chaîne semble se détendre,
on commencera à être bien embêté
dans 1000 ou 1500 km je pense, car je ne peux pas
la retendre indéfiniment. Je n'ai même
pas de clé spéciale pour retirer éventuellement
un maillon. Je me souviens alors de Patrick, le mécanicien
de Ginette, qui répète souvent « on
est toujours emmerdé avec les chaînes ».
J'avais hésité à en prendre une
de rechange mais finalement j'avais renoncé car
elle était lourde. Et pour en trouver une ici,
je sais que ce sera très difficile voire impossible
car les 103 n'ont pas été importés
au Royaume-Uni, or c'est une chaîne spécifique.
Il nous reste 3600 km à parcourir, je suis inquiet.
Et comme hier, j'ai mal aux fesses malgré la
selle rembourrée ! À
Swanley, on commence à toucher la grande banlieue
londonienne. Je me trompe d'ailleurs de route, on se
retrouve sur une grosse nationale à 2x2 voies.
Puis elle devient une grande avenue, on se rapproche
du centre. Je fais une petite pause à un arrêt
de bus et sympathise avec deux éboueurs, surpris
à leur tour de me voir voyager avec un si petit
engin. Je dis à l'un d'eux que je vais en Écosse,
enfin pour la première fois je nuance mes propos
en disant
que je vais essayer d'y aller. Il me répond qu'en
roulant tranquillement, il n'y a jamais de problème.
Je surveille la chaîne, ça a l'air d'aller
à peu près. Je repars. La route programmée
dans le GPS la semaine dernière pour traverser
Londres m'est utile.
Et
puis à 3 ou 4 km du centre, ça va être
l'heure du bilan. Je m'arrête à une station
service Tesco car Ginette a besoin d'essence. Il se remet
à pleuvoir, la chaîne s'est encore détendue,
je suis fatigué de devoir gérer ce sac
à dos résolument beaucoup trop lourd,
et puis il y a ce mal aux fesses, et ces freins qui
fatiguent vite, et cette météo qui redevient
tristounette, il paraît que ce sera la tempête
ce soir. Bref, les conditions de conduite ne sont pas
bonnes, et il y a des tours et détours en perspective
pour trouver des hébergements au chaud quand
je ne les ai pas prévus, sûrement aussi
pour trouver des garages pouvant m'aider dans mon problème
de chaîne, et peut-être encore pour trouver
l'huile de moteur qu'il me faut. Tout cela fait beaucoup. À
cette station, après avoir fait le plein (avec
du « Unleaded
»), je me mets sur le côté
et m'adosse contre un mur. Je brasse tout ça
dans ma tête, et je prends bien conscience de
notre trop forte vulnérabilité dans ce
voyage. J'ai voulu repousser nos limites, mais la marche
est visiblement trop haute. Nous n'étions pas
prêts à faire face à tant de contraintes,
et d'ailleurs c'est moi qui suis à l'origine
de la contrainte la plus forte qui en entraîne
d'autres indirectement : le surchargement. Je ne dois
donc pas en vouloir à la malchance, et prendre
au contraire mes responsabilités. Je
« ne le sens pas
», j'ai l'impression que ça
part mal. Je me dis que si nous continuons vers l'Écosse,
les petits problèmes actuels vont avoir le temps
de s'aggraver et nous risquons d'être très
embêtés. L'Écosse est peu peuplée,
j'ai cru comprendre que les mécaniciens y étaient
rares, c'est vraiment risqué, et si nous sommes
bloqués là-bas, le rapatriement en France
risque d'être compliqué. En plus, j'ai
prévu de rentrer le 8 juin, et je repars dès
le 10 au soir avec Lucie au Mexique, en avion.
Je n'ai donc pas vraiment de marge de manoeuvre, il
ne faut pas que je joue au petit malin. Le coeur gros,
je décide donc de rentrer à la maison. J'appelle
ma mère pour le lui annoncer. Évidemment, ce
n'est pas elle qui me dira « mais si, continue
»,
verte d'inquiétude qu'elle doit être depuis
que je suis parti ! Je ne peux m'empêcher de pleurer
(voir
anecdote),
repensant à tout le travail abattu pour préparer
ce périple. Et pourtant je sais que cette décision
est la bonne. Ma mère me remonte un peu le moral
en me disant que c'est super ce que j'ai réussi à
faire jusque là, et qu'il faut que je reste en
forme car revenir à Longpont sera difficile aussi.
Je laisse aussi un message à Lucie. Bon
eh bien voilà, bouleversement du programme :
allons faire un petit tour dans le centre de Londres
malgré tout, puis rentrons à Douvres et
voyons quand nous pouvons prendre un ferry. Regarder
mon panneau arrière me fait maintenant de la
peine, d'ailleurs il a pris un peu l'eau.
Ginette
et moi nous réintroduisons donc dans la circulation
londonienne. Heureusement que j'ai mon rétroviseur
droit ! La conduite n'est pas de tout repos : feux tricolores,
bus, voitures qui me doublent, voitures que je rattrape...
Il pleuviote. Nous atteignons enfin les bords de la
Tamise au niveau du Lambeth Bridge, c'est-à-dire
juste en face de la classique « carte postale
»
de Westminster et Big Ben. J'en profite évidemment
pour prendre des photos de Ginette devant ce célèbre
décor, histoire de ne pas être venu pour
rien ! Nous prenons le pont pour passer rive gauche,
et continuons d'errer un peu dans toutes ces rues. Nous
passons devant la National Gallery puis devant Saint-Paul's
Cathedral. Nous traversons à nouveau la Tamise
par le Blackfriars Bridge, et de là nous apercevons
le magnifique Tower Bridge sur notre gauche. Et voilà,
fini le tourisme, à présent il faut rentrer. Petit
à petit, et grâce en partie au GPS, nous
nous extirpons de cette jungle urbaine. Nous reprenons
l'A20 pour suivre
le même itinéraire que ce matin en sens
inverse. Il se met à pleuvoir fort. Je m'arrête
à une station service pour acheter à manger
et pour me reposer un peu, physiquement et psychologiquement.
J'ai Lucie au téléphone, elle
me console. Quelques
dizaines de kilomètres plus loin, des trombes
d'eau s'abattent sur nous. Par certains endroits, la
route est même recouverte de 3 à 5 cm d'eau. Pour mon
mal aux fesses, je finis par retirer cette selle rembourrée
et la mettre dans mon sac. Eh bien figurez-vous que
j'aurai moins mal après, alors qu'elle m'a coûté
les yeux de la tête !
La
fatigue de la journée commence à se faire
sentir. 30 km avant Douvres, la pluie s'arrête
! À Hythe, je revois la mer, moi qui ne pensais pas
la retrouver avant Édimbourg... À Folkestone, Ginette
doit affronter une nouvelle montée imposante,
et elle peine encore beaucoup. Nous repassons avec un
petit pincement au coeur devant l'endroit où
nous avons bivouaqué la nuit dernière.
En arrivant enfin à Douvres, vers 17h30, la pluie
se remet à tomber, et assez fort ! Je trouve
vite un arrêt de bus pour m'abriter et attendre
que ça se calme... J'y resterai plus d'une heure
! Pendant ce temps, j'appelle ma mère pour parler
de la suite du programme : il faut que je dorme au chaud
ce soir (je vais aller voir à l'AJ s'il y a de
la place) puis que j'aille au port pour acheter un billet
pour traverser (demain matin). Après
que la pluie se soit calmée, et las d'attendre
qu'elle cesse complètement, je repars et retrouve
facilement l'Auberge de Jeunesse. Je suis accueilli
à la réception par un jeune homme très
sympathique. Oui il y a des lits disponibles. Génial
! Quel soulagement ! Je sens que je vais enfin pouvoir
pleinement apprécier cette soirée ! Le
garçon et moi discutons un peu, je lui raconte
brièvement mes mésaventures. Pour ranger
Ginette en sécurité, il m'indique un petit
local en plein air, adjacent à l'auberge, qui
sert un peu de fourre-tout. Le petit déjeuner
sera servi de 7h30 à 9h30, il me demande déjà
ce que je souhaiterai manger (il y a 4 menus au choix) pour qu'il
sache quoi préparer. Si mon ferry part tôt
et que je dois quitter l'auberge avant 7h30, il pourra
me préparer un petit déjeuner empaqueté.
Super ! Je monte à la chambre, qui est au 2e
étage, elle est impeccable.
Il y a 8 lits, et des affaires sur l'un d'eux, je ne
serai donc pas seul. Je pose
les miennes, et ressors pour aller au port . J'y achète
sans problèmes un billet pour un Douvres-Calais
partant demain matin, à 7h40. Génial,
les choses s'arrangent bien ! Je
reviens donc à l'AJ, range la mob en la remerciant
et en la félicitant tout de même pour tous
les efforts qu'elle a fournis aujourd'hui, la pauvre
! Je vais prendre une douche, que je savoure tellement
! L'eau ne coule pas fort, mais elle est chaude, et
ça fait énormément de bien après
toutes ces émotions ! Je me change puis ressors,
à pied cette fois, pour aller avaler quelque
chose. Je trouve une sandwicherie kebab-döner où
je me régale ! Vers
21h30, je reviens à la chambre, et fais connaissance
avec l'homme âgé mais bourré d'énergie
avec lequel je la partage. Il est sympa et marrant,
même s'il parle avec un sacré accent et
que j'ai du mal à comprendre ce qu'il me raconte
! Allez, bonne nuit !
DOUVRES
- LONGPONT-SUR-ORGE (22
mai, 314 km) 8
PHOTOS
6h20, je me réveille, rassemble
mes affaires et descends. La réception est fermée,
mais le jeune homme a pris soin de me laisser sur le
comptoir la clé du local pour aller récupérer
Ginette ; je vais également chercher dans le
frigidaire de la kitchenette, comme il me l'avait indiqué,
mon petit déjeuner empaqueté. Délicates
attentions. Ce petit déjeuner semble copieux,
par contre il m'a mis aussi une bouteille de jus d'orange
de 2L ! Non merci, Ginette risque de ne pas être
d'accord, elle souffre déjà bien assez
comme ça ! Je
vais d'ailleurs la retrouver, et nous filons au port.
Le temps n'est pas trop mauvais. L'enregistrement est
un peu long, et il faudra aussi être patient pour
embarquer. Le bateau part à 9h au lieu de 7h40.
À
bord, je me repose un peu, j'évite de me balader
car le sac est pénible à transporter.
J'avale mon petit déjeuner. Je repense à
ce voyage, à la préparation, au renoncement,
et j'essaie de prendre les choses avec philosophie.
Je commence à avoir du recul par rapport à
ma décision d'hier, ce qui me permet de mieux
l'approuver. Je ne suis plus triste, j'ai juste envie
de rentrer chez moi et de passer à autre chose. Comme
nous arrivons à Calais, et non à Dunkerque,
la traversée est plus courte : une heure au lieu
de deux. Nous arrivons donc à 10h heure anglaise,
11h heure française. Il fait assez beau, le vent
ne souffle pas trop. Un petit plein d'essence, et c'est
parti, direction Paris !
Je
n'oublierai jamais cette journée de route. Évidemment,
l'étape est longue, mais ça encore je
connais. Le gros problème, c'est le vent. Il
se lève pour de bon et devient plus violent encore
qu'avant-hier. Venant d'ouest, il me pousse vers les
voitures qui me doublent. Lorsque, dans
mon rétroviseur, j'en vois une venir sur moi,
et que « l'ennemi invisible
» me laisse un peu tranquille, je fais
parfois volontairement des zig-zag pour mettre en garde
le conducteur : « une bourrasque peut me déporter
à n'importe quel moment, donc s'il vous plaît laissez un grand
écart entre vous et moi en me dépassant
». En
lutte quasi-perpétuelle contre ce vent, turbulent
comme un gamin, je fatigue physiquement. Concentré
en permanence sur la route, je fatigue mentalement.
Et comme ce gamin refait indéfiniment les mêmes
bêtises, malgré mes remontrances, je fatigue
psychologiquement ! Parfois, il invente même d'autres
bêtises : pendant une heure il nous pousse toujours
du même côté, et à un moment,
sans que l'on comprenne pourquoi, il tournoie et une
bourrasque nous pousse dans l'autre sens. Évidemment
on ne s'y attend pas du tout, alors gare à la
trajectoire ! Une sorte de contre-pied,
en somme. En plus ce vent n'est pas chaud ! Et
avec tout cela, je ne suis pas au bout de mes peines : de
véritables abats d'eau, bien frais eux aussi,
nous tombent ensuite dessus. Ce n'est pas de la pluie,
c'est comme un immense seau qu'on nous verse sur la
tête ! Je refuse de m'arrêter, d'ailleurs
il n'y a guère d'endroits pour s'abriter. J'accélère
au contraire pour sortir au plus vite de sous ce nuage.
Et la pauvre Ginette obéit sans se plaindre.
Quel courage ! Dans les montées, c'est dur, mais
on arrive toujours au sommet. C'est une battante ! Les
averses alternent donc et le vent nous balade. Je fais
tout mon possible pour garder le moral. La musique que
j'écoute sous mon casque grâce à
ma clé MP3 m'y aide (j'adresse un merci particulier
à Debout sur le Zinc !). Un peu plus tard, j'écouterai
même des musiques écossaises...
Telle
est donc l'ambiance de la conduite. À Saint-Omer, nous
retrouvons l'itinéraire de samedi : Saint-Pol-sur-Ternoise,
Doullens (je retends encore la chaîne). Nous sommes à
Amiens à 15h. Bonneuil-les-Eaux, Froissy, Bresles,
Précy-sur-Oise, Viarmes. L'impatience d'arriver
s'amplifie. Je me perds d'ailleurs un peu, en particulier
en arrivant au nord de Paris. Malgré le GPS,
toutes ces petites rues du côté de Saint-Denis
m'induisent en erreur plus d'une fois. C'est pénible.
Finalement j'entre dans la capitale et la traverse sans
problèmes. Par contre, mon frein arrière
étant affecté, tous ces départs-arrêts
à cause des feux ne sont pas les bienvenus. J'atteins
la Porte d'Orléans et me trompe encore de chemin
! Vraiment je dois être fatigué. Le GPS
m'aide à suivre le sud. Je
suis sur la réserve depuis quelques kilomètres
et me demande si j'aurai suffisamment d'essence pour
arriver à la maison. Par précaution, je
me propose de faire le plein à la première
station venue. À Sceaux, je trouve une BP. Elle ne m'a
pas l'air ouverte... ah si, je vois un panneau « OUVERT
»
sur la vitre, le caissier doit se cacher. Je sors donc
ma bouteille d'huile de mon sac à dos et en verse
la quantité habituelle dans le réservoir,
que je dois ensuite diluer avec l'essence en faisant
le plein. Mais quel n'est pas mon désespoir lorsque
je m'aperçois, en saisissant la pompe, que la
station est bel et bien fermée !!! Par conséquent,
je ne peux pas avoir d'essence, et comme j'ai déjà
versé mon huile, hors de question de rallumer
le moteur ! Me voilà donc en panne, à
15 km du but ! Gros coup au moral. C'est en partie ma
faute, en partie celle de la station, bref je regrette
tellement de me retrouver dans cette situation si ridicule,
alors que j'étais presque arrivé ! Il
est 20h30. Je demande
à deux hommes s'il y a une autre station près
d'ici, ils m'en indiquent une à 300 mètres,
sinon un grand Auchan, à 2 km ! Je me mets donc
à pousser Ginette, avec mon gros sac sur le dos,
et c'est épuisant ! Après cinq bonnes
minutes, j'arrive à ladite station, qui est évidemment
fermée. Je sais que si je marche jusqu'à
Auchan, je vais mourir de fatigue. Donc je prends mon
téléphone et appelle ma mère pour
lui demander de venir m'apporter un bidon d'essence.
Apparemment il n'y en a plus de disponible à
la maison, alors on envisage de mettre carrément
le cyclo dans le coffre de la voiture quand elle arrivera.
Quel dommage, je voulais tellement finir ce périple
tout seul ! Pour
couronner le tout, mon portable n'a plus beaucoup de
batterie, donc ce n'est pas facile de se donner rendez-vous
de façon précise. On se propose donc de se retrouver au bord de la Nationale 20, et pour
cela il faut encore que je pousse Ginette, et dans l'autre
sens que tout à l'heure ! Pour ne pas avoir le
sac sur le dos, je le mets en position couchée
sur le cyclo. Au début ça va, ça
me soulage effectivement, mais à un moment il
tombe brusquement ! Une de ses lanières va même
jusqu'à se coincer presque dans la chaîne.
Je réussis à la retirer sans dégâts,
mais là le moral prend un coup de plus. Alors
que je commençais tout juste à apprécier
malgré tout cette excursion terminée à
Londres, et que l'aventure était sur le point
de s'achever, les galères me tombent à
nouveau sur la tête ! Je remets donc le sac sur
mon dos et poursuis ma marche. J'atteins la N20 après
une dizaine de minutes, je suis en nage.
Ma
mère arrive peu après en voiture. On se
tombe dans les bras et là encore, il m'est difficile
de ne pas pleurer à cause de toutes ces émotions
: tristesse de ne pas avoir réussi à atteindre
l'Écosse, tristesse de subir une panne si bête,
et en même temps joie intense de revoir ma maman
et de sentir proche le retour à la maison. « Je
voulais tellement finir seul ! » « Mais tu vas
pouvoir finir seul, regarde, je t'ai apporté
un bidon. » En effet, elle est gentiment allée
en acheter un ! Je remplis donc le réservoir,
et Ginette redémarrera sans soucis ! Merci maman
! La rage au ventre,
nous parcourons donc énergiquement les 15 derniers
kilomètres. En arrivant je suis très fatigué,
je traînerai d'ailleurs un rhume pendant les jours
à venir. D'un autre côté, j'ai conscience
que c'est déjà un exploit d'être
allés jusqu'à Londres et d'en être
revenus
en trois jours seulement, chargés comme nous
étions et avec cette météo. Je
dois à présent tirer les leçons
de toutes ces péripéties.
-
o O o -
BILAN
Pourquoi
cet échec ? Récapitulons... Le
sac était trop chargé, trop lourd, pesant
trop sur l'arrière du cyclomoteur. Cause principale
: la désir de bivouaquer. Conséquences
directes : la chaîne se détendait très
vite, et les montées trop importantes étaient
un supplice pour le moteur. D'autre part, même
si le sac reposait sur Ginette quand nous roulions,
la conduite devenait éprouvante pour moi à
la longue, et lorsque je prenais le sac sur mon dos
c'était fatigant voire douloureux. Mon frein
arrière n'était pas du tout à 100
% de ses capacités, car je n'avais pas réussi
à me procurer de nouvelles mâchoires de
frein avant de partir, par manque de temps. Le surchargement
exacerbait ce problème. Je n'étais
pas sûr de trouver facilement des garages pouvant
m'aider en cas de souci mécanique.
Je n'étais pas non plus certain de pouvoir acheter
facilement de l'huile pour moteurs 2 temps au Royaume-Uni.
Je ne pouvais pas prendre de risques quant à
la date de mon retour en France car j'étais censé
repartir, pour
le Mexique, 48 heures après mon retour prévu.
Le climat, lui, ne nous a pas été favorable,
entre les grosses averses et surtout ce vent devenu
insupportable. Et les bivouacs prévus, à
cause de ces conditions, ont fini par soulever davantage
d'inquiétude que d'excitation. Pour
résumer, disons donc que j'ai eu les yeux plus
gros que les roues !
Quels
enseignements tirer ? Voyages
à cyclomoteur et bivouacs ne vont pas bien ensemble.
Ou plutôt si, cela peut être sympathique
voire extrêmement amusant, mais pour des raisons de
poids j'estime qu'il faut fixer des limites à
ce type d'excursion : 3 ou 4 jours, ou environ 1000
km, au maximum. Au-delà, il me paraît difficile
de prendre le plaisir escompté, ou bien il faut
songer à un autre système de portage,
comme une petite remorque. Par conséquent, pour
des périples qui dépassent ces limites,
je recommande de prévoir systématiquement
des nuits au chaud, et je recommande pour cela les Auberges
de Jeunesse (pas seulement parce que la FUAJ a accepté
de me sponsoriser, mais tout simplement parce que j'ai
toujours apprécié ces structures, et que
les prix y sont tout à fait intéressants).
D'autre part, il faut prendre plus de temps pour
bien préparer le cyclomoteur avant le voyage,
et ne rien négliger s'il y a des pièces
à changer. Si possible, il faut prévoir
un certain nombre de jours « vierges
» après
la date prévue du retour, de manière à
avoir une certaine marge de manoeuvre en cas de bouleversement
du programme. Une fois
que toutes ces corrections sont effectuées, je
pense que même de mauvaises conditions météorologiques
peuvent être affrontées de manière
plus sereine.
Et
l'Écosse ? Je ne l'oublie
pas ! Je n'aime pas qu'un territoire me résiste,
et d'ailleurs cette région m'attire toujours
autant ! De plus, je suis encore hanté par tout
ce que la préparation de ce voyage m'a permis
de rêver ! Donc
je retenterai le coup un jour, et toujours avec Ginette
!
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16
- 17 sept. (2
j.)
|
G
i n e t t e d é m é n a g
e à B
R E S T
|
626
km
|
1
NUIT
: Pontorson (hôtel)
|
INTRODUCTION
Je suis allé au collège en bus
pendant 4 ans, je suis allé au lycée
avec Ginette pendant 3 ans (pour mon plus grand bonheur
!), puis en 2003 je pars
étudier la
géographie à l'université d'Orléans
: j'y vais en voiture, j'ai un logement sur place
et ne rentre chez moi que le week-end. Durant cette
période orléanaise qui a duré 3
ans, et sauf à l'occasion des grands voyages
que vous savez, j'ai donc très peu utilisé
le cyclo, resté à Longpont. En juin 2006,
j'obtiens
ma licence de géographie et
je souhaite poursuivre mes études en master,
mais vers quel domaine de la géographie me spécialiser
? Mes envies immenses d'aller régulièrement
voir la mer avec Ginette, depuis 2002, m'influencent
certainement dans mon choix : j'étudierai les
littoraux ! Leur protection environnementale m'intéresse
notamment. Évidemment,
il me faut quitter Orléans pour ce genre d'études
! Et la formation proposée par Brest, intitulée
« Expertise et Gestion de l'Environnement
Littoral », m'attire particulièrement. J'y serai effectivement admis !
Parallèlement,
je suis las d'utiliser ma voiture. Elle est utile et
agréable à conduire,
certes, mais c'est un gouffre financier : entre l'essence devenue chère (et sa consommation
n'est pas celle d'une mobylette !), l'assurance et les révisions
parfois très onéreuses,
je regrette amèrement le
temps du lycée ! Sans compter qu'en ville, on se déplace
bien sûr tout aussi rapidement, voire plus vite
encore, à cyclomoteur qu'en voiture ! Constatant
en outre qu'un aller-retour Longpont-Brest-Longpont
en voiture me coûterait 2,5 fois plus cher qu'un
aller-retour Paris-Brest-Paris en TGV avec une carte
12-25, je prends trois décisions importantes : -
Pour me déplacer entre la région parisienne
et Brest, je prendrai le TGV. -
Pour me déplacer
là-bas quotidiennement, j'utiliserai
ma chère Ginette ! -
Persuadé que je pourrai alors me passer complètement
de la voiture, je la vendrai.
Je
respecte cela à la lettre : je
mets ma voiture en vente et elle part rapidement. Je
lui dis adieu le 15 septembre. À cet instant, Ginette
redevient, et pour longtemps j'espère, mon moyen
de transport prioritaire, ce qu'elle n'était
plus depuis trois ans. Le soir-même, je la fais réviser par Patrick,
mon mécanicien. Nous changeons notamment les mâchoires
de frein arrière, que j'aurais dû
remplacer avant l'Écosse. Il ne reste plus qu'à
mener Ginette tout au bout du Finistère : nouveau
départ, nouvelle vie !
LONGPONT-SUR-ORGE
- PONTORSON (16
septembre,
342 km)
Nous ne partons pas très tôt
ce samedi matin : 10h15 ! Je dis donc au revoir à
mes parents sous une bruine si fine qu'elle donne déjà
un avant-goût de crachin breton ! Et, GPS au guidon,
Ginette et moi nous envolons donc... plein ouest ! Le
temps restera gris toute la journée. Au
bout d'une trentaine de kilomètres, je remarque
que Ginette manque parfois un peu de pêche. Je
m'aperçois bientôt que c'est le frein arrière,
dont les mâchoires sont neuves de la veille, qui
ne réagit pas comme il faut : sur le guidon la
poignée ne revient pas bien, et sur
la roue il en va de même pour la patte du câble,
donc ça freine légèrement pendant
que je roule. Je remets la poignée et la patte
bien à leur place et décide de ne plus trop y toucher.
Le frein avant, seul, fonctionne suffisamment.
Et
après 80 km, pan !! Instantanément, la
roue arrière se bloque ! Naturellement, je dérape,
mais réussis à m'arrêter sans tomber.
Tout en me remettant de mes émotions, je tente
d'analyser la panne : il n'y a rien d'anormal,
le moteur tourne bien au ralenti, c'est « juste
»
cette roue arrière qui est puissamment bloquée.
Belle immobilisation ! Panique à bord. Allô
Maman, allô Papa. Je leur explique le problème.
Mon père se rend chez Patrick, mon mécanicien,
pour recueillir son avis. De mon côté,
je remarque quelques maisons à 50 mètres
(c'est un petit hameau nommé Fadainville, au
beau milieu de la campagne entre Maintenon et Châteauneuf-en-Thymerais),
je décide donc d'aller demander si quelqu'un
peut m'aider. Et je
vais avoir une chance extraodinaire ! À
celle d'avoir
cette panne si près d'habitations va s'ajouter
celle de tomber sur des gens extrêmement gentils,
sympathiques, compétents, efficaces, et ayant
les outils qu'il faut ! J'adresse donc ici d'immenses
remerciements à Christian et Bernard Godefroy,
qui ont interrompu leur repas pour m'aider, pendant
environ une heure, à me remettre en selle ! Parallèlement,
Papa trouve Patrick, à qui j'explique brièvement
le problème par téléphone : il
me répond bien sûr qu'il faut commencer
par démonter
la roue. Nous nous y attelons donc, et découvrons
que les mâchoires de frein sont bloquées
dans le moyeu de la roue car le ressort a sauté
et s'est intercalé entre elles ! Une des deux
mâchoires a d'ailleurs été fissurée
par le choc. Nous
mettrons une bonne demi-heure à tout sortir de
là, à force de faire levier avec de gros
tournevis ! Verdict : oui, on peut remonter la roue,
mais je n'aurai plus de frein arrière. C'est
d'accord, je ferai sans. Premièrement, je n'ai
pas souvent besoin de freiner sur les petites routes
de campagne ; deuxièmement, mon frein avant est
suffisamment
efficace ; et troisièmement, je ferai plus attention
dans les traversées de ville, en anticipant davantage.
Après avoir chaleureusement remercié mes
« sauveurs », Ginette et moi reprenons donc
la route, vers 13h30 !
À
partir de maintenant, plus question de traîner, on a
assez perdu de temps comme cela ! Je conduis donc Ginette
à un rythme élevé le reste de la
journée, presque à son maximum, dans la
campagne tout du moins ! Je néglige aussi les
pauses, sauf bien sûr pour l'essence. Nous réussirons
ainsi à rejoindre Pontorson, tout près
du Mont-Saint-Michel, à 19h30. Le Mont, aperçu
brièvement à l'horizon, dessinait une
mystérieuse masse gris foncé se détachant
sur un ciel gris clair, tel un vaisseau-fantôme
! Je trouve un petit hôtel pas cher et sympathique.
Il ne reste d'ailleurs qu'une seule chambre disponible,
la plus petite et la moins chère ! Impeccable
! Au menu ce soir : bon dîner bien mérité
à la Crêperie du Couesnon toute proche,
très accueillante et où je me régale
!
PONTORSON
- BREST (17
septembre,
284 km)
Après une bonne nuit très
appréciée, il est temps de repartir à
l'assaut de Brest ! Notons que Pontorson est située
à la limite entre la Normandie et la Bretagne,
côté Normandie. Ginette et moi y étions
d'ailleurs déjà passés en 2003,
lors de notre tour de Normandie. Aujourd'hui en revanche,
nous allons poursuivre notre chemin sur des routes inconnues,
plus à l'ouest, via Dol-de-Bretagne et Dinan
dans un premier temps. À
partir de là, l'objectif est de longer la Nationale
176, puis la Nationale 12, par l'itinéraire réservé aux
vélos, cyclomoteurs et engins agricoles. En
effet, depuis qu'elles ont été aménagées
en 2x2 voies, ces routes nationales leur sont interdites, mais une petite
route généralement parallèle
a très gentiment été tracée
pour eux ! Elle est souvent bien rectiligne, et donc
très simple à suivre, surtout quand des
panneaux explicites la jalonnent. Par contre (est-ce
par ma faute ou non ?), chaque traversée de ville
a été, sans exception, l'occasion de se
perdre : Lamballe, Saint-Brieuc, Guingamp, Morlaix,
ce ne fut vraiment pas évident... Mais avec le
GPS pour nous donner un petit coup de pouce de temps
en temps, on s'en est sorti. C'est
avec une émotion grandissante que je parcours
les derniers kilomètres, depuis Morlaix, via
Landivisiau et Landerneau. Les panneaux indiquant Brest
se multiplient, le fleuve de l'Élorn s'élargit,
de vagues odeurs de mer percent... Je traverse la ville
avec prudence à cause de mon frein arrière
inexistant,
et savoure pleinement cette arrivée tant espérée
! Le franchissement de la Penfeld par le Pont de Recouvrance,
en particulier, m'émeut presque aux larmes ! Ma
résidence universitaire, située Petite
Rue Vauban dans le quartier de Recouvrance, ne se trouve
d'ailleurs qu'à quelques centaines de mètres
de ce pont, tout de béton vêtu et pourtant
mythique ! J'atteins donc mes pénates brestoises
au terme de 626 km et 16 heures de route au total (neuf
heures hier et sept aujourd'hui), ces pénates
qui seront aussi celles de Ginette dorénavant,
tout du moins jusqu'aux prochaines grandes vacances
!
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o O o -
Commence
une nouvelle vie...
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Quelques jours
plus tard, je fais réparer la mob : en plus de
changer les mâchoires de frein à nouveau, il faut changer la roue
arrière, car après 52788 km de bons et
loyaux services, elle s'est usée en son centre
et a pris du jeu. Donc
peu importent des mâchoires neuves puisqu'elles casseraient
encore à cause des frottements. Ginette se refait
donc une jeunesse avec une
magnifique roue arrière ainsi que des amortisseurs
neufs, les précédents ayant accumulé,
eux aussi, 52788 km de vibrations ! Je me remets donc
à utiliser quotidiennement
ma petite machine. J'éprouve un immense plaisir
à la conduire sur la Route de la Corniche, entre
le centre de Brest où j'habite et l'Institut
Universitaire Européen de la Mer (IUEM) où j'étudie,
sur la commune voisine de Plouzané.
Sur le trajet, je longe la rade, au lever du soleil, et je descends dans deux petites anses
où mouillent paisiblement des dizaines de bateux
de plaisance sous des cieux changeants très expressifs,
bref c'est le bonheur ! Bien
sûr, le temps n'a pas toujours été
clément non plus, mais je m'en moquais bien.
C'est justement sous la pluie et dans le vent que la
Bretagne prend tout son caractère et montre alors, selon moi, son vrai charme. Et pas un matin je
ne me suis interdit de prendre Ginette à cause
de la tempête. Je dois reconnaître tout
de même que nous n'en avons pas connu de vraiment
violente, tout du moins pas lorsque nous devions prendre
la route, sinon j'aurais sûrement moins fait
le malin ! Cependant, je garderai longtemps le souvenir
d'un mémorable déluge en sortant de cours,
le 10 octobre : voir anecdote. Excepté
cette expérience, il nous est arrivé à
quatre reprises de nous trouver nez à nez avec
une immense flaque le matin sur la Route de la Corniche.
Elle occupait toute la largeur de la chaussée et s'étalait
sur une dizaine de mètres de long. La première
fois, j'ai eu peur et j'ai préféré
renoncer, mais il m'a fallu alors faire un très
grand détour pour rejoindre l'IUEM. Dès
la fois suivante, j'eus la flemme de parcourir autant
de kilomètres pour contourner cet obstacle, alors
je décidai de le franchir à toute petite
allure : sous son air impressionnant, cette vaste flaque
était en réalité si inoffensive
qu'elle accepta sans mal que les roues de Ginette la
fassent légèrement frissonner par leur
sillage. Enfin, tombé
sous le charme de cette région où je prenais
un immense plaisir à rouler quotidiennement avec
Ginette, je collai à l'avant de celle-ci,
au-dessus de son phare, un autocollant « Pays d'Iroise
».
Et certains week-ends, nous partîmes à
la découverte de cet émouvant Finistère
aux mille couleurs ! En revanche et vous allez m'en
vouloir, j'ai dû laisser à Longpont l'appareil
photo numérique, dont mon père avait besoin
; par conséquent je n'ai pas pu vous rapporter
de photos de ces nouvelles balades.
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7
octobre
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LANDÉVENNEC
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124
km
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Dans le cadre d'une monographie
que nous devions réaliser par groupes sur une
commune finistérienne de notre choix, et après
que mes partenaires de travail et moi-même avons
sélectionné Landévennec, nous nous
y sommes rendus pour un entretien avec son maire, M.
Roger LARS. C'était une belle occasion d'emmener
Ginette faire sa première balade sur les routes
de Bretagne, même si ce désir a beaucoup
surpris mes amis qui proposaient plutôt de m'emmener en voiture.
Et malgré le froid, je ne l'ai pas regretté
du tout, jubilant même en franchissant deux ponts
imposants et majestueux : le premier, le Pont Albert
Louppe, sur l'Élorn, qui fut le seul moyen de rejoindre
la presqu'île de Plougastel-Daoulas de 1930 à
1995 avant que ne soit construit le Pont de l'Iroise,
parallèle et plus moderne, laissant l'immense
tablier du premier ne plus être arpenté
que par les piétons et les cycles ; le second,
le Pont de Térénez, qui existe depuis
1925 et sera remplacé par un pont plus moderne
en 2010, s'inscrit dans la vallée encaissée
et très boisée de l'Aulne près
de ses derniers méandres, offrant ainsi à
ceux qui l'empruntent un paysage très paisible
et agréable.
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15
octobre
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CARHAIX-PLOUGUER
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171
km
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Séduit par un tract que
l'on m'a distribué quelques jours plus tôt
à l'entrée du restaurant universitaire,
je mets le cap vers l'intérieur des terres pour
assister à une sorte de forum initié par
le Mouvement Régional pour la Paix et dénonçant
la prolifération des armes nucléaires.
Pacifique
dans l'âme, curieux de savoir ce qui pouvait se dire
sur le sujet lors de tels rendez-vous publics, séduit
par la diversité des horizons d'où venaient
les intervenants, et très désireux
de poursuivre mon exploration du Finistère, je
décide donc avec plaisir de me rendre à Carhaix-Plouguer
ce dimanche. Les interventions
ne m'ont pas tant apporté que cela, en revanche
j'ai passé du temps à lire les panneaux
d'information riches de textes et de photos pouvant
être extrêmement choquants. Le spectacle
des horreurs causées au XXe siècle
par l'arme nucléaire - en particulier à
Hiroshima - m'a ainsi été mis violemment
sous le nez et il me semble important de ne pas chercher
à fuir ces images. Côté
route, ce fut au contraire un vif plaisir de conduire
Ginette sur des départementales peu fréquentées,
et de retrouver ainsi davantage encore la joie des balades
d'une journée, comme nous en avions tant
réalisées au début de notre «
histoire ».
Nous découvrons un peu plus la Bretagne intérieure
où de paisibles villages se blotissent dans les
empreintes du Massif Armoricain, façonnées
pendant pas moins de 500 millions d'années.
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28
octobre
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LE
MÉNEZ-HOM et LA POINTE DU VAN
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254
km
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Ce fut indéniablement la
plus belle de mes excursions finistériennes.
Une grande envie de la concrétiser me hantait
d'ailleurs depuis quelques temps et le soleil fut au
rendez-vous pour rendre la Bretagne radieuse ! Ce fut
d'abord l'occasion de franchir une nouvelle fois, et
sans m'en lasser, le pont Albert Louppe au-dessus de
l'Élorn (voir plus haut, lors de la balade à
Landévennec). Ensuite, je tourne un peu autour
du Ménez-Hom avant d'en atteindre le sommet. Certes,
avec ses 330 mètres d'altitude, ce n'est pas
le Mont-Blanc ni même le point culminant de la
Bretagne, mais son dos rond surplombant à la
fois la rade de Brest et la baie de Douarnenez a quelque
chose de majestueux. Quant à la vue, depuis là-haut
et par temps clair, elle mérite vraiment le détour
! Une fois ressourcés
par cette ascension, Ginette et moi nous engageons dans
le Cap Sizun, cette célèbre presqu'île
allongée du Finistère Sud terminée
par la pointe du Raz et l'Île de Sein. Sur le
chemin, nous admirons Douarnenez et sa vaste plage.
Ayant déjà passé un certain temps
à la pointe du Raz avec ma famille il y a six ans,
c'est à la pointe du Van, voisine, que je m'attarde
davantage ce jour. Je m'y promène, visite notamment
la chapelle de Saint-They et me délecte tout
simplement du paysage. La Nature peut procurer tellement
de bonheur à elle seule, pourquoi dépenser
des mille et des cents pour en acquérir un autre
? Après
avoir contourné la Baie des Trépassés,
à laquelle le soleil confère à
cet instant des teintes poétiques, Ginette et
moi revenons vers Brest en passant par Audierne, Locronan
(classé comme l'un des plus beaux villages de
France) et enfin la paisible vallée de l'Aulne
entre Châteaulin et Port-Launay. Sous
un beau ciel bleu et au guidon d'une mobylette conquérante,
je me suis donc empli les yeux de beautés tout
au long de la journée !
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10
décembre
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LA
CÔTE DU LÉON
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158
km
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Depuis un mois, le rythme de travail
de mes études est passé à la vitesse
supérieure et nous n'avons guère pu profiter
des week-ends de novembre pour repartir à la
découverte de la Bretagne, de ses petites routes,
de ses villages, de son littoral. Et évidemment,
même si l'approche de l'hiver nous apporte désormais
son lot de pluie et de vent, la sensation de manque
s'accroît, jusqu'à ce dimanche après-midi
où je décide de m'offrir de nouveau un
peu d'aventure. Nous irions volontiers flâner
sur la côte nord du Finistère ! Sans que
je le sache, ce sera notre dernière balade. La
toute dernière. Partant
de Brest, nous commençons par rejoindre la pointe
de Saint-Mathieu et y découvrons son phare -
trônant fièrement face à la Mer
d'Iroise - et son ancienne abbaye. Puis nous longeons
la côte vers le nord en passant par Le Conquet
et la pointe de Corsen, le lieu le plus occidental de
la France si l'on ne considère pas les îles
(alors que Ginette a été fabriquée
près de la frontière suisse !). Je regarde
vers le large en rêvant d'Amérique... Le
ciel devient de plus en plus menaçant lorsque
nous atteignons Lampaul-Plouarzel puis Lanildut. À
Porspoder,
face au chenal du Four et au phare du même nom,
le vent souffle avec puissance et je savoure ce grand
bol d'air ! Au moment de repartir, Ginette a beaucoup
de difficulté à redémarrer au point
de m'inquiéter sérieusement. Finalement,
elle repartira... Ouf ! Nous
poursuivons notre chemin jusqu'aux abers - Benoît
et Wrac'h - alors qu'une pluie épaisse et froide
se met à tomber. Je parviendrai tout de même
à capter cette saisissante atmosphère
caractérisant les débuts d'averses et
dont la Bretagne a le secret. J'aurais
aimé aller plus loin mais le temps et la nuit
tombante nous incitent à rentrer sur Brest. Une
autre fois, j'espère.
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